L’enneigement a déjà baissé, et ça continuera
En moyenne altitude, dans les Alpes du Sud, il est constaté une perte de près d’un mois d’enneigement depuis les années 1970. En moyenne, la couche neigeuse a perdu une vingtaine de centimètres, et les hauteurs maximales ont baissé plus encore, d’une cinquantaine de centimètres. Voilà, en condensé, les derniers travaux publiés par le Grec Sud, Groupement d’experts à l’échelle régionale, sur l’évolution du climat (1).
Surtout en fin de saison
« Il y a une forte variabilité d’une année sur l’autre, prévient Antoine Nicault, coordinateur du Grec sud. Mais la tendance est à la diminution de la quantité de neige au sol. C’est en fin de saison que la baisse de la hauteur maximale de neige est particulièrement marquée. Sur les mois de mars et d’avril. » Selon le lieu où on se situe en montagne, les résultats montrent d’importantes variations. « L’altitude charnière est située entre 1 000 et 2 000 mètres, confirme le scientifique Antoine Nicault. Dans le Mercantour, avec un réchauffement de 2 °C, on perdrait 42 % du manteau neigeux à 1 200 mètres. Plus en altitude, à 2 700 mètres, cette perte serait de 20 %. » De manière générale, les projections gardent une marge d’incertitude. « Que la neige tombe dépend de plusieurs facteurs complexes. Les projections sont difficiles, y compris pour les précipitations. Par contre, sur les températures, on a une meilleure prévisibilité. » Une température moyenne plus haute sonne le glas de tout espoir de neige au sol. Même si celle-ci venait à tomber.
Adaptation ou sécurisation ?
Dans ce contexte, « la neige de culture peut permettre de sécuriser quelques années, mais ce n’est pas de l’adaptation, prolonge Antoine Nicault. C’est plutôt de la sécurisation de l’activité économique. Ce qui ne devrait pas freiner la réflexion sur l’adaptation, à mon sens. »
Moins de neige, c’est aussi «de fortes conséquences sur la ressource en eau, car cela affecte les réserves qui vont alimenter les cours d’eau au printemps et en été ».
Plus la neige fond tôt, plus la période de faible débit sera longue, « les débits vont chuter plus tôt dans la saison ». Et la montagne n’est pas seule concernée, mais tout le littoral, en aval.
1. Article paru en mars 2021 dans le journal en ligne
The Cryosphere, par une équipe composée de scientifiques issus de six pays alpins (Allemagne, Autriche, France, Italie, Slovénie et Suisse).