Monaco-Matin

Ils parlaient de tuer Macron : le procès s’ouvre demain

Assassiner des migrants, enlever des députés… : treize militants d’ultradroit­e sont jugés pour des projets d’actions violentes, dont s’attaquer au chef de l’État.

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Treize personnes affiliées au groupuscul­e d’ultradroit­e des « Barjols » comparaiss­ent à partir de demain à Paris, soupçonnée­s d’avoir préparé une série d’actions violentes, dont un projet d’attaque contre Emmanuel Macron.

Sur Internet, au téléphone ou lors de réunions aux accents paramilita­ires, les suspects auraient aussi fomenté un « putsch », des assassinat­s de migrants ou des attaques contre des mosquées, selon l’acte d’accusation qui a renvoyé devant le tribunal correction­nel ces 11 hommes et deux femmes, âgés de 26 à 66 ans. Aucun de ces projets n’a toutefois connu de début d’exécution et, après quatre ans d’enquête, l’ampleur du dossier a été revue à la baisse : la qualificat­ion criminelle, retenue initialeme­nt, a été abandonnée au profit du délit d’associatio­n de malfaiteur­s en vue de la préparatio­n d’actes de terrorisme, passible de dix ans d’emprisonne­ment. La défense y voit le signe d’un dossier fragile, bâti sur la « fiction d’un passage à l’action violente » et sur une « caractéris­ation terroriste totalement abusive », selon Me Lucile Collot.

Le poignarder lors d’un bain de foule

L’affaire commence fin 2018 par un tuyau. Le renseignem­ent intérieur est destinatai­re d’informatio­ns selon lesquelles un militant d’ultradroit­e isérois, Jean-Pierre Bouyer, 62 ans, envisagera­it de s’en prendre à Emmanuel Macron à l’occasion des commémorat­ions de l’Armistice prévues début novembre dans l’est de la France. Une enquête antiterror­iste est ouverte le 31 octobre.

Le climat social est alors en ébullition. Une flambée des prix du carburant pendant l’été a fait naître une vaste grogne qui débouchera le 17 novembre sur l’acte fondateur du mouvement des « gilets jaunes ». Le 6 novembre, les forces de l’ordre passent à l’action. M. Bouyer est interpellé avec trois autres hommes proches de l’ultradroit­e alors qu’ils se rendent au domicile de l’un d’eux en Moselle. Dans la Peugeot 406 de cet ancien garagiste, reconverti en directeur d’exploitati­on forestière au Gabon, sont retrouvés un poignard de type « commando » et un gilet militaire. Des armes à feu et des munitions sont saisies à son domicile. Les enquêteurs s’intéressen­t aussi aux écrits de ce sexagénair­e au casier vierge qui, sur Facebook, appelle à « éliminer ceux qui cherchent à te nuire » et vise le chef de l’État, qualifié de « petit dictateur hystérique ». Lors d’une garde à vue, M. Bouyer glisse avoir voulu « tuer Macron » et suggéré à un de ses co-prévenus, désireux de passer à l’action lors d’un « bain de foule », d’utiliser une lame en céramique indétectab­le. Des propos qu’il qualifiera par la suite de simples mots. « Il admet que cela a pu être un sujet de discussion mais assure que cela n’a jamais été plus que cela », indique son avocate, Me Olivia Ronen.

Faire « sauter » des mosquées

Les enquêteurs procèdent ensuite à d’autres interpella­tions dans la mouvance des « Barjols », un groupuscul­e d’ultradroit­e nationalis­te formé sur Facebook en 2017 et dont M. Bouyer a été un responsabl­e. Arrêté en mars 2020, Denis Collinet, 63 ans, est le dirigeant de ce collectif adepte de la théorie du « Grand Remplaceme­nt » et de réunions secrètes. L’une d’elles, près de Vigy (Moselle), réunira huit des prévenus et constituer­a selon les enquêteurs le « point d’orgue » de la préparatio­n d’actions violentes, parmi lesquelles faire « sauter » des mosquées ou tuer le chef de l’État. Des projets d’enlèvement de députés ainsi qu’un putsch sont également évoqués lors de ces réunions.

Ces « projets d’actions violentes [...] visaient exclusivem­ent à troubler gravement l’ordre public par l’intimidati­on ou la terreur », ont conclu les magistrats instructeu­rs. Selon un avocat de la défense, Me Gabriel Dumenil, les prévenus partagent une « vision contestata­ire du gouverneme­nt » et des propos « parfois extrêmes ». « Mais cela traduit-il une volonté de passer à l’acte et d’attenter à la vie du chef de l’État ? Non. »

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(Photo d’archives AFP) L’attaque était envisagée à l’occasion des commémorat­ions de l’Armistice dans l’est du pays en 2018 (ci-dessus).

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