Monaco-Matin

Parricide commandité à Draguignan : le tireur condamné à 12 ans de réclusion

- V. W.

À l’énoncé du verdict, E. a hoché la tête pour bien signifier qu’il comprenait la peine infligée par la cour d’assises des mineurs de Draguignan. Ce mardi soir, le jeune homme âgé aujourd’hui de 20 ans a été reconnu coupable de l’assassinat de Sylvain P., un père de famille qui vivait de ses rentes immobilièr­es. À l’issue d’un délibéré de deux heures, E. a été condamné à douze ans de réclusion criminelle, comme l’avait requis plus tôt dans la journée l’avocate générale Estelle Bois. Et comme sollicitée par la magistrate lors de ses réquisitio­ns, la cour a retenu l’excuse de minorité de l’accusé – E. avait 17 ans au moment des faits – ainsi qu’une altération du discerneme­nt.

Par amour et appât du gain

Le 24 avril 2020, E. avait mis à exécution le plan de son ami K. : alors que Sylvain, père de K., faisait du vélo d’appartemen­t dans le garage de sa villa à Draguignan, il lui avait tiré une balle de 22 long rifle en pleine tête. En agissant de la sorte, E. espérait autant rendre service à son camarade, qui accusait son père de mauvais traitement, que toucher une part de l’héritage promis par K.. Car « l’instigateu­r machiavéli­que » (dixit Me Laurent Latapie en défense de E.) de cet assassinat lui avait fait miroiter la moitié des 400 000 euros qu’il pensait toucher après le décès de son père...

Alors que la France vivait son premier confinemen­t, les enquêteurs de la police judiciaire de Toulon n’avaient pas tardé à mettre la main sur les coupables. Dans la poche du pantalon de K., un mot équivoque : «Si vous le tues je avais la maison et tout les reste ». Et bientôt des aveux. Oui, l’adolescent de 15 ans avait bien demandé à E. de tuer son père. Comme il avait pu le demander à plusieurs autres camarades de classe depuis plusieurs mois.

Mais E., souffrant de troubles du comporteme­nt et de l’attention, n’avait pas su résister à l’insistance de son ami dont il avait confié un temps « être secrètemen­t amoureux ». « Je pense qu’il est fou et que je suis le seul débile à avoir accepté », avait-il alors reconnu devant les enquêteurs.

« Sans lui, Sylvain P. serait toujours vivant »

Le tireur avait également indiqué que le coup de revolver monocoup ayant servi pour le crime était parti accidentel­lement. Une version soutenue à demi-mot par Me Latapie mais non retenue par le tribunal. Pour autant, « ce verdict n’est pas une mauvaise décision », relève l’avocat. « La condamnati­on est adaptée par rapport à la gravité du crime mais aussi à la personnali­té de l’accusé. Il n’est pas l’instigateu­r machiavéli­que de ces faits. Il a conscience d’avoir gâché sa vie et beaucoup d’autres. Il regrette. »

« Il n’est pas l’instigateu­r certes, mais il a bien appuyé sur la gâchette, rétorque Me Alexandra Granier en partie civile. Sans lui, Sylvain P. serait toujours vivant. » K., jugé en fin d’année dernière par le tribunal pour enfants, avait été condamné à 15 ans de réclusion. Il n’a pas fait appel de cette décision.

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