Réforme des retraites :
Les syndicats ont donné hier le coup d'envoi de la contestation pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme phare des retraites. Ils ont salué son succès et ont déjà donné rendezvous au mardi 31 janvier, pour une nouvelle journée d’action.
La retraite avant l’arthrite », « Métro, boulot, caveau » ! De Calais à Nice, les manifestants ont battu le pavé hier matin, avant que le cortège parisien ne s'élance dans l'après-midi pour dire « non » au recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avance le chiffre de « plus de 2 millions » de manifestants en France, dont 400 000 à Paris.
Les chiffres remontés par les autorités attestent d'une mobilisation très importante : 36 000 personnes ont défilé à Toulouse, 26 000 à Marseille, 25 000 à Nantes, 19 000 à Clermont-Ferrand, 15 000 à Montpellier.
Selon un décompte du ministère de l’Intérieur, 1,12 million de personnes ont défilé en France (80 000 à Paris).
Quelques heurts
À Nice, les chiffres varient du simple au triple (20 000 du côté des syndicats, 7500 selon les syndicats). Ils étaient aussi 23 000 à Lyon, où les forces de l'ordre ont essuyé quelques jets de projectiles et procédé à 17 interpellations, selon la préfecture. Au total, plus de 200 manifestations ont eu lieu dans l’Hexagone.
À Paris, des heurts ont aussi éclaté entre forces de l'ordre et manifestants près de Bastille, avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogènes (30 interpellations). À l'échelle nationale, les niveaux de mobilisation sont comparables voire supérieurs à ceux du 5 décembre 2019, au démarrage de la contestation contre le précédent projet de réforme des retraites, quand la police avait compté 806 000 manifestants en France (1,5 million selon la CGT). « On est clairement sur une forte mobilisation, au-delà ce que l’on pensait », a abondé le n° 1 de la CFDT, Laurent Berger. Philippe Martinez a parlé de mobilisation « réussie ».
La détermination de l’exécutif
La SNCF a affiché un taux de grévistes de 46,3 %. La circulation des trains était très fortement perturbée, tout comme le métro parisien.
De nombreux services publics ont été touchés : 28 % de grévistes ont été comptabilisés dans la fonction publique d'État par leur ministère de tutelle. Les programmes de l'audiovisuel public étaient eux aussi affectés.
Dans l'éducation, le syndicat FSU a dénombré 70 % d'enseignants grévistes dans les écoles, 65 % dans les collèges et lycées. Le ministère chiffre pour sa part la mobilisation à 42 % dans le primaire et 34 % dans le secondaire. Quelques dizaines d'établissements ont été l'objet de blocus dans la matinée à Paris, Rennes, Tours et Toulouse notamment. Pour le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot, « on est parti pour un conflit dur. Il faut bloquer l’économie ». Depuis Barcelone, où il participait à un sommet franco-espagnol, Emmanuel Macron a dit espérer une mobilisation « sans débordements, ni violences, ni dégradations » – quelques heurts et dégradations ont été signalés à Paris, Lyon et Rennes. Il a mis en avant la « détermination » de l’exécutif pour faire aboutir une réforme « juste et responsable ».
Les syndicats ont annoncé une nouvelle journée d'action, mardi 31 janvier, pour faire reculer le gouvernement.