Nice : le dealer de la jet-set s’enfuit du tribunal
Condamné à 4 ans de prison, il a pris la fuite dans la nuit de mardi à mercredi alors que le tribunal correctionnel délibérait. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
Arnold Bucchioni, un père de famille de 42 ans, déjà condamné à trois reprises par le passé pour son activité de trafiquants de drogue, n’a pas attendu le délibéré du tribunal correctionnel. Il a pris la fuite mardi soir et n’a pas écouté la sentence de 4 ans de prison ferme prononcée par la présidente Marion Menon. Une sanction inférieure aux six années requises par le procureur Marc Ruperd, agacé par le comportement de ce gérant de snack, « davantage livreur de points de deal que de hamburgers ». Un mandat d’arrêt a été aussitôt lancé contre lui.
De Nice à Monaco
La brigade de recherche de la gendarmerie de Menton avait Arnold Bucchioni dans la ligne de mire depuis le printemps 2022. Elle a accumulé, au fil des mois, les preuves de ses activités illicites. Le trafiquant paraît particulièrement introduit dans la jet-set locale, de
Nice à Monaco, fournisseur d’une clientèle haut de gamme lors de soirées chic ou dans des hôtels prestigieux.
Fin septembre, la perquisition à son domicile a permis aux enquêteurs de saisir plus de 8 570 euros en liquide, 400 g. d’herbe de cannabis et près d’un kilo de cocaïne. « De la drogue que j’ai trouvée quand je relevais les compteurs de gaz », affirme le prévenu qui perçoit officiellement 30 euros brut par jour. Une prestation d’aide au retour à l’emploi.
Lors de sa garde à vue, Arnold Bucchioni avait gardé le silence et avait refusé d’expliquer la discordance entre son train de vie et ses revenus officiels.
Lors de son procès, mardi, la présidente Marion Menot s’interroge : « Vous roulez en Mercedes qu’on vous a offert. Vous avez six véhicules. Vous trouvez de la drogue. Il faut jouer au Loto Monsieur », ironise la magistrate. « La Mercedes, je ne
l’ai pas payée. C’est un client russe à qui j’avais trouvé une Patek Philippe qui me l’a donné. »
Plutôt à l’aise à la barre, le prévenu affirme, volubile, que l’achat et la revente de montres de luxe lui assurent parfois de juteux bénéfices.
Le procureur constate que le prévenu, libéré en 2017, a très vite replongé. « Je ne crois pas qu’il soit sur le chemin de la repentance. [...] On a épuisé les alternatives aux poursuites. Monsieur encourt 20 ans de prison. Autant de raisons pour requérir six ans de prison », estime le procureur, qui demande une condamnation à la fois pour le trafic et pour le blanchiment.
Lui-même cocaïnomane
Me Audrey Vazzana s’étonne d’une telle sévérité, comparant ces réquisitions avec les peines infligées dans l’affaire Dicranian, un trafic où l’unité de mesure était la centaine de kilos. Même étonnement
de la pénaliste sur l’absence d’auditions de clients « jet-setteurs ». « On s’est bien gardé d’aller les déranger… Après, on nous dit, “Monsieur ne dit pas la vérité”, mais aucun client n’a été entendu. » « Vous jugez un trafiquant certes mais aussi un cocaïnomane », hospitalisé en décembre en soins intensifs après avoir ingéré 11 grammes de cocaïne. Me Vazzana avait
obtenu la libération de son client récidiviste quelques semaines après sa détention provisoire grâce à une bourde dans la procédure. Elle n’est pas parvenue à le convaincre de ne pas se soustraire à l’incarcération qui lui était promise. Voitures et objets de luxe ont été confisqués.