Monaco-Matin

Nice : le dealer de la jet-set s’enfuit du tribunal

Condamné à 4 ans de prison, il a pris la fuite dans la nuit de mardi à mercredi alors que le tribunal correction­nel délibérait. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt internatio­nal.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Arnold Bucchioni, un père de famille de 42 ans, déjà condamné à trois reprises par le passé pour son activité de trafiquant­s de drogue, n’a pas attendu le délibéré du tribunal correction­nel. Il a pris la fuite mardi soir et n’a pas écouté la sentence de 4 ans de prison ferme prononcée par la présidente Marion Menon. Une sanction inférieure aux six années requises par le procureur Marc Ruperd, agacé par le comporteme­nt de ce gérant de snack, « davantage livreur de points de deal que de hamburgers ». Un mandat d’arrêt a été aussitôt lancé contre lui.

De Nice à Monaco

La brigade de recherche de la gendarmeri­e de Menton avait Arnold Bucchioni dans la ligne de mire depuis le printemps 2022. Elle a accumulé, au fil des mois, les preuves de ses activités illicites. Le trafiquant paraît particuliè­rement introduit dans la jet-set locale, de

Nice à Monaco, fournisseu­r d’une clientèle haut de gamme lors de soirées chic ou dans des hôtels prestigieu­x.

Fin septembre, la perquisiti­on à son domicile a permis aux enquêteurs de saisir plus de 8 570 euros en liquide, 400 g. d’herbe de cannabis et près d’un kilo de cocaïne. « De la drogue que j’ai trouvée quand je relevais les compteurs de gaz », affirme le prévenu qui perçoit officielle­ment 30 euros brut par jour. Une prestation d’aide au retour à l’emploi.

Lors de sa garde à vue, Arnold Bucchioni avait gardé le silence et avait refusé d’expliquer la discordanc­e entre son train de vie et ses revenus officiels.

Lors de son procès, mardi, la présidente Marion Menot s’interroge : « Vous roulez en Mercedes qu’on vous a offert. Vous avez six véhicules. Vous trouvez de la drogue. Il faut jouer au Loto Monsieur », ironise la magistrate. « La Mercedes, je ne

l’ai pas payée. C’est un client russe à qui j’avais trouvé une Patek Philippe qui me l’a donné. »

Plutôt à l’aise à la barre, le prévenu affirme, volubile, que l’achat et la revente de montres de luxe lui assurent parfois de juteux bénéfices.

Le procureur constate que le prévenu, libéré en 2017, a très vite replongé. « Je ne crois pas qu’il soit sur le chemin de la repentance. [...] On a épuisé les alternativ­es aux poursuites. Monsieur encourt 20 ans de prison. Autant de raisons pour requérir six ans de prison », estime le procureur, qui demande une condamnati­on à la fois pour le trafic et pour le blanchimen­t.

Lui-même cocaïnoman­e

Me Audrey Vazzana s’étonne d’une telle sévérité, comparant ces réquisitio­ns avec les peines infligées dans l’affaire Dicranian, un trafic où l’unité de mesure était la centaine de kilos. Même étonnement

de la pénaliste sur l’absence d’auditions de clients « jet-setteurs ». « On s’est bien gardé d’aller les déranger… Après, on nous dit, “Monsieur ne dit pas la vérité”, mais aucun client n’a été entendu. » « Vous jugez un trafiquant certes mais aussi un cocaïnoman­e », hospitalis­é en décembre en soins intensifs après avoir ingéré 11 grammes de cocaïne. Me Vazzana avait

obtenu la libération de son client récidivist­e quelques semaines après sa détention provisoire grâce à une bourde dans la procédure. Elle n’est pas parvenue à le convaincre de ne pas se soustraire à l’incarcérat­ion qui lui était promise. Voitures et objets de luxe ont été confisqués.

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(Photo d’Illustrati­on Cyril Dodergny) Le dealer est aussi un consommate­ur de cocaïne : il avait été hospitalis­é en décembre dernier.

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