Monaco-Matin

L’équipe LR d’Eric Ciotti fait grincer Bruno Retailleau

Le député azuréen, nouveau patron des Républicai­ns, a dévoilé la nouvelle équipe dirigeante du parti. À peine connue, elle est étrillée par son adversaire malheureux en décembre.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

La nouvelle équipe dirigeante des Républicai­ns a été dévoilée mercredi soir, plus d’un mois après la victoire d’Éric Ciotti face à Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat. Un organigram­me présenté dans Le Figaro comme « le reflet de l’unité retrouvée » par le député azuréen. Un « rassemblem­ent » qu’il a, dit-il encore, beaucoup travaillé avec... Bruno Retailleau. Le problème c’est que son concurrent malheureux en décembre dernier n’a pas l’air d’accord. Hier, il a grincé sur Twitter : « L’organigram­me d’Éric Ciotti ne tient pas compte des équilibres issus du scrutin. Nos accords ne sont pas respectés. Je le regrette. »

« La confiance est le préalable indispensa­ble au rassemblem­ent », prévient le sénateur de Vendée. La sénatrice Dominique EstrosiSas­sone, qui n’a jamais dévié de son engagement à droite tout en restant fidèle à la majorité municipale niçoise, soutient Bruno Retailleau, son patron au Palais du Luxembourg, d’un sobre « j’aime » sur Twitter. Pour le reste, no comment.

Mais quel est véritablem­ent le problème avec ce nouvel organigram­me concocté par Éric Ciotti ? Et il y a mis le temps... François-Xavier Bellamy, le plus proche soutien de Bruno Retailleau, obtient une vice-présidence exécutive. Le très conservate­ur député européen devra fonctionne­r en duo avec l’autre prétendant au siège de président des Républicai­ns en décembre, le progressis­te Aurélien Pradié, député du Lot. Un double challenge : les deux élus se supportent difficilem­ent.

Les deux autres principaux lieutenant­s

du sénateur vaincu intègrent aussi l’armée mexicaine LR (63 personnes) : Julien Aubert, l’ex-député du Vaucluse est vice-président, Othman Nasrou, l’élu régional d’Îlede-France, devient chef des secrétaire­s généraux. Parmi lesquels un proche de Ciotti, le député antibois Éric Pauget qui ne s’explique pas l’agacement de celui qu’il se délecte à appeler le « perdant ». « Je ne comprends pas sa réaction. Je sais qu’Éric Ciotti a été en constante discussion avec lui et Aurélien Pradié. Ça fait des semaines qu’il s’arrache les cheveux pour finaliser la liste, il a tendu la main, il n’aurait pu prendre que des gens à lui, ce n’est pas le cas. Il fallait intégrer les perdants, il l’a fait », bombarde

le député Pauget.

Pas très sportif, Retailleau ? Le maire d’Antibes, Jean Leonetti, propulsé conseiller spécial, avoue sa surprise. « J’avais cru comprendre, et ça m’a été confirmé, que Bruno Retailleau avait refusé de faire partie de l’équipe dirigeante pour se consacrer au Sénat, donc il n’y a pas de sujet. Il n’y a pas de quoi avoir cette réaction. Je ne vois pas qui aurait pu avoir été oublié », constate-t-il. Qui a, jure-t-il, l’impression « que les choses sont bien équilibrée­s ».

Le Sud en force

Trop de Sudistes ont pu agacer une partie des Républicai­ns ? Ils sont sept.

Pour le Var, Éric Ciotti a fait appel à Frédéric Masquelier, le maire de Saint-Raphaël, président départemen­tal des Républicai­ns. Et à la députée Françoise Dumont, « Très honorée de la confiance que lui porte, Éric Ciotti » et impatiente de se mettre « en action pour parler aux Français et proposer le projet politique dont la droite Républicai­ne a besoin ! ».

Dans les Alpes-Maritimes, outre les deux élus antibois, le boss de la droite s’est entouré du sénateur Henri Leroy et de la députée Michèle Tabarot, qui récolte la très convoitée et stratégiqu­e présidence de la commission nationale d’investitur­e. Elle la voulait : « C’est intéressan­t de travailler sur la carte

électorale, en donnant sa chance à des nouveaux talents, en trouvant un équilibre. »

Cet équilibre qui n’a pas sauté aux yeux de Retailleau. « Je regrette sa réaction et je ne la comprends pas. Cela correspond à ce qu’il voulait, à la liste qu’il avait soumise à Éric Ciotti qui a été très ouvert. Je pense que la réaction de Bruno Retailleau est le fait d’une ou deux personnes déçues qui se sont manifestée­s auprès de lui », souffle l’ancienne maire du Cannet-Rocheville. Selon une source interne au parti, Retailleau avait effectivem­ent appuyé une liste de 18 noms : 16 ont été retenus.

Séance de rattrapage avec le shadow cabinet Enfin,

la sénatrice antiboise Alexandra Borchio-Fontimp est au porte-parolat. Ce poste qu’elle occupait déjà lors des campagnes internes du député de Nice. Elle défend son mentor : « Comme il s’y était engagé, Éric Ciotti a rassemblé diverses sensibilit­és de la droite de toutes les génération­s en intégrant bien sûr des soutiens des deux autres candidats. Il s’est entretenu jusqu’à hier soir [mercredi soir] avec Bruno Retailleau et Aurélien Pradié ».

L’organigram­me des Républicai­ns sera complété dans les prochains jours avec la nomination d’une douzaine de personnes en charge du « shadow cabinet », une sorte de contre-gouverneme­nt Borne. Éric Ciotti rassembler­a les parlementa­ires LR au siège du parti mardi prochain pour dévoiler leur calendrier et les axes à développer pour ces prochains mois.

 ?? (Photo d’archives Franz Chavaroche) ?? Le 12 décembre, Éric Ciotti était élu président des Républicai­ns avec 53,7 % des suffrages des adhérents du parti de droite. Ici, à côté d’Alexandra Borchio-Fontimp et devant Éric Pauget, tous deux intégrés au nouvel organigram­me.
(Photo d’archives Franz Chavaroche) Le 12 décembre, Éric Ciotti était élu président des Républicai­ns avec 53,7 % des suffrages des adhérents du parti de droite. Ici, à côté d’Alexandra Borchio-Fontimp et devant Éric Pauget, tous deux intégrés au nouvel organigram­me.

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