L’équipe LR d’Eric Ciotti fait grincer Bruno Retailleau
Le député azuréen, nouveau patron des Républicains, a dévoilé la nouvelle équipe dirigeante du parti. À peine connue, elle est étrillée par son adversaire malheureux en décembre.
La nouvelle équipe dirigeante des Républicains a été dévoilée mercredi soir, plus d’un mois après la victoire d’Éric Ciotti face à Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat. Un organigramme présenté dans Le Figaro comme « le reflet de l’unité retrouvée » par le député azuréen. Un « rassemblement » qu’il a, dit-il encore, beaucoup travaillé avec... Bruno Retailleau. Le problème c’est que son concurrent malheureux en décembre dernier n’a pas l’air d’accord. Hier, il a grincé sur Twitter : « L’organigramme d’Éric Ciotti ne tient pas compte des équilibres issus du scrutin. Nos accords ne sont pas respectés. Je le regrette. »
« La confiance est le préalable indispensable au rassemblement », prévient le sénateur de Vendée. La sénatrice Dominique EstrosiSassone, qui n’a jamais dévié de son engagement à droite tout en restant fidèle à la majorité municipale niçoise, soutient Bruno Retailleau, son patron au Palais du Luxembourg, d’un sobre « j’aime » sur Twitter. Pour le reste, no comment.
Mais quel est véritablement le problème avec ce nouvel organigramme concocté par Éric Ciotti ? Et il y a mis le temps... François-Xavier Bellamy, le plus proche soutien de Bruno Retailleau, obtient une vice-présidence exécutive. Le très conservateur député européen devra fonctionner en duo avec l’autre prétendant au siège de président des Républicains en décembre, le progressiste Aurélien Pradié, député du Lot. Un double challenge : les deux élus se supportent difficilement.
Les deux autres principaux lieutenants
du sénateur vaincu intègrent aussi l’armée mexicaine LR (63 personnes) : Julien Aubert, l’ex-député du Vaucluse est vice-président, Othman Nasrou, l’élu régional d’Îlede-France, devient chef des secrétaires généraux. Parmi lesquels un proche de Ciotti, le député antibois Éric Pauget qui ne s’explique pas l’agacement de celui qu’il se délecte à appeler le « perdant ». « Je ne comprends pas sa réaction. Je sais qu’Éric Ciotti a été en constante discussion avec lui et Aurélien Pradié. Ça fait des semaines qu’il s’arrache les cheveux pour finaliser la liste, il a tendu la main, il n’aurait pu prendre que des gens à lui, ce n’est pas le cas. Il fallait intégrer les perdants, il l’a fait », bombarde
le député Pauget.
Pas très sportif, Retailleau ? Le maire d’Antibes, Jean Leonetti, propulsé conseiller spécial, avoue sa surprise. « J’avais cru comprendre, et ça m’a été confirmé, que Bruno Retailleau avait refusé de faire partie de l’équipe dirigeante pour se consacrer au Sénat, donc il n’y a pas de sujet. Il n’y a pas de quoi avoir cette réaction. Je ne vois pas qui aurait pu avoir été oublié », constate-t-il. Qui a, jure-t-il, l’impression « que les choses sont bien équilibrées ».
Le Sud en force
Trop de Sudistes ont pu agacer une partie des Républicains ? Ils sont sept.
Pour le Var, Éric Ciotti a fait appel à Frédéric Masquelier, le maire de Saint-Raphaël, président départemental des Républicains. Et à la députée Françoise Dumont, « Très honorée de la confiance que lui porte, Éric Ciotti » et impatiente de se mettre « en action pour parler aux Français et proposer le projet politique dont la droite Républicaine a besoin ! ».
Dans les Alpes-Maritimes, outre les deux élus antibois, le boss de la droite s’est entouré du sénateur Henri Leroy et de la députée Michèle Tabarot, qui récolte la très convoitée et stratégique présidence de la commission nationale d’investiture. Elle la voulait : « C’est intéressant de travailler sur la carte
électorale, en donnant sa chance à des nouveaux talents, en trouvant un équilibre. »
Cet équilibre qui n’a pas sauté aux yeux de Retailleau. « Je regrette sa réaction et je ne la comprends pas. Cela correspond à ce qu’il voulait, à la liste qu’il avait soumise à Éric Ciotti qui a été très ouvert. Je pense que la réaction de Bruno Retailleau est le fait d’une ou deux personnes déçues qui se sont manifestées auprès de lui », souffle l’ancienne maire du Cannet-Rocheville. Selon une source interne au parti, Retailleau avait effectivement appuyé une liste de 18 noms : 16 ont été retenus.
Séance de rattrapage avec le shadow cabinet Enfin,
la sénatrice antiboise Alexandra Borchio-Fontimp est au porte-parolat. Ce poste qu’elle occupait déjà lors des campagnes internes du député de Nice. Elle défend son mentor : « Comme il s’y était engagé, Éric Ciotti a rassemblé diverses sensibilités de la droite de toutes les générations en intégrant bien sûr des soutiens des deux autres candidats. Il s’est entretenu jusqu’à hier soir [mercredi soir] avec Bruno Retailleau et Aurélien Pradié ».
L’organigramme des Républicains sera complété dans les prochains jours avec la nomination d’une douzaine de personnes en charge du « shadow cabinet », une sorte de contre-gouvernement Borne. Éric Ciotti rassemblera les parlementaires LR au siège du parti mardi prochain pour dévoiler leur calendrier et les axes à développer pour ces prochains mois.