Hyphen Hyphen LE TOURBILLON DE LA VIE
L’heure du retour a sonné pour les Niçois. C’est la vie, leur troisième album, balance entre révolte adolescente et introspection. À découvrir en live demain à Cannes.
En quatre ans, il s’est passé beaucoup de choses. Même si, à un moment, on a cru le temps figé, durant une ère confinée-déconfinée irréelle. Pour les bêtes de scène d’Hyphen Hyphen, deux cents dates s’étaient d’abord enchaînées. Un tourbillon abordé avec des bouilles de guerriers pop invariablement peinturlurées. Santa, la chanteuse, Line, la bassiste, et Adam, le guitariste, surfaient sur les titres de Times et HH, leurs deux premiers albums. Les voilà prêts à reprendre la route « lestés » des douze morceaux de C’est la vie, qui sort ce vendredi. Un album pour lequel ces trois amis, unis depuis le lycée (lire ci-dessous), ont voulu retrouver de la spontanéité, en oeuvrant dans une forme d’urgence, lors de sessions live au mythique studio ICP, à Bruxelles.
Quelle musique vous a accompagnés pendant la conception de ?
C’est la vie
Line : On a replongé dans nos vinyles avec beaucoup de plaisir. Il y avait America, Fleetwood Mac, les Talking Heads...
Santa : Les années 1970, c’est la décennie où il y a eu les plus grandes émotions dans la musique. De notre côté, on avait en tête cette envie de capturer un moment, contrairement à notre précédent album, où on avait beaucoup travaillé sur la production.
Line et Adam, comment évolue la voix de Santa, selon vous ?
Line : Je trouve qu’elle va beaucoup plus dans les graves, c’est assez nouveau et c’est très intéressant. Adam : On a voulu que tous les instruments soient au service de sa voix. Il y a très peu d’effets, les prises sont souvent totalement pures. On n’avait jamais vraiment réussi à capter ce qu’on pouvait faire sur scène pour un album. Là, on a pu jouer, enregistrer en live, cela a ajouté de l’humanité et de la sincérité.
Il y a de moins en moins de groupes dans le paysage pop français. Vous êtes presque une “anomalie”...
Santa : On a toujours envie d’être un peu différents. En France, il n’y a plus beaucoup de groupes, c’est vrai. Nous, on veut vraiment incarner ce band avec la basse, la batterie, la guitare, la voix.
Vos premiers singles, Don’t Wait For Me et Too Young, sont fidèles à votre registre. D’autres, comme Voices In My Head et Symphony, sont plus surprenants...
Line : Voices In My Head, c’est un peu le titre qu’on aurait adoré écrire quand on avait quinze ans. Dedans, il y a nos influences punkrock, un peu de Limp Bizkit dans les harmonies aussi, un peu de Pixies et du Oasis dans le refrain. On aimait bien l’idée de répéter un truc aussi simple que : “Je ne veux pas faire ça.” Dire non, c’est un truc
très ado.
Santa : Et c’est aussi la première étape du respect de soi-même. Il faut savoir dire non à ses propres voix intérieures, qui sont parfois plus maléfiques que celles des autres.
Line : À l’inverse, Symphony est beaucoup plus adulte, mature. On a pris du temps pour que chaque instrument représente les émotions qu’on voulait transmettre. Le morceau est doux et rugueux à la fois.
Cet aller-retour entre sentiments adolescents et maturité, c’est votre patte ?
Santa : Je pense qu’il n’y a pas d’autre manière d’écrire, encore plus à trois. Il faut être sincère, se raconter. On utilise nos névroses pour écrire. Et même si c’est de la pop et qu’on peut avoir de l’ironie, comme sur Don’t Wait For Me, qui est une autoroute du kiff, il y a quand même une double lecture permanente qui rend la musique
plus profonde, je l’espère.
Santa a sorti un EP en français en novembre. Que vous inspire cette aventure, Line et Adam ?
Line : Elle a fait quelque chose de magnifique.
Adam : On est extrêmement fiers de ce qu’elle a fait. Pour les gens, c’est super intéressant d’écouter une artiste qui a deux projets si différents.
Santa : Il y a un projet pour conquérir le monde et il y a un autre projet pour conquérir mon monde. Les deux histoires sont très différentes. Elles ne se mélangeront pas, ça fait un pingpong hyper agréable.
JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr Hyphen Hyphen en concert.
Samedi 21 janvier, 18 h 30. Palais des Festivals, à Cannes. Dans le cadre du Midem+.
Tarifs : 20 euros, réduit 10 et 18 euros. www.palaisdesfestivals.com
Vendredi 17 février, à 20h30. 6Mic, à Aix-enProvence. Tarifs : 25 euros, réduit 22 euros. www.6mic-aix.fr
Vendredi 7 avril, à partir de 19 h 30. Le Mas d’hiver, Mas des Escaravatiers, à Puget-surArgens. Tarif : 36 euros. lemas-concert.com
Samedi 17 juin, à 21 h 30. Théâtre de Verdure, à Nice. Tarifs : 35 euros, réduit 32 euros. nicemusiclive.fr
« Enregistrer en live a ajouté de l’humanité et de la sincérité »