Jean-Michel Jarre en mode savant fou
Hier soir, à deux reprises les participants du Midem+ et les Cannois ont pu découvrir le show d’un genre nouveau de Jean-Michel Jarre. Quarante-sept ans après Oxygène, le disque de ses débuts, voilà Oxymore, son vingt-deuxième album. Pour cette aventure live, le démiurge change d’échelle. Pas d’écrans démesurés, pas de foule gigantesque massée devant ses synthés. « Juste » seize enceintes formant un cercle et restituant des compositions imaginées à 360 degrés.
Sens déstabilisés
Cette sonorisation binaurale multicanaux est censée en mettre plein les oreilles. Une innovation signée Jarre, en partenariat avec la société Coda Audio. Le public est invité à entrer dans le cercle sacré. Pour entamer le rite, JMJ frappe un grand coup de gong, après avoir demandé aux spectateurs de fermer les yeux. Lunettes de soleil sur le nez, tour à tour concentré ou agité comme un savant fou devant ses éprouvettes fumantes, Jean-Michel Jarre invite son audience immergée à se créer ses propres images. Ses rythmes martiaux et ses collages sonores iraient très bien sur un film de science-fiction énervé ou encore sur une partie de Mortal Kombat.
Une voix éraillée, d’outre-tombe, rappelle que derrière la prouesse technologique (réelle et déstabilisante, plus éprouvante qu’un concert classique), il y a un hommage à Pierre Henry et Pierre Schaeffer, pères de la musique concrète et figures inspirantes pour Jean-Michel Jarre. Une manière de dresser un pont entre les origines de la musique électronique et un futur aussi incertain qu’exaltant.