Monaco-Matin

Tombé dans la marmite

A 60 ans, Eric Barrabino a remplacé Christian Tornatore, parti à la retraite, à la tête du rallye. Le Monégasque est un passionné d’automobile depuis son plus jeune âge. Rencontre.

- ROMAIN LARONCHE

Chez lui, les premiers souvenirs de courses automobile­s remontent à la plus tendre enfance. « Je devais avoir 7-8 ans, j’allais voir le Grand Prix de F1, parce que mon père était déjà au club (ACM). C’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier ». Un peu plus d’un demi-siècle après, Eric Barrabino a lancé hier soir la 91e édition du Rallye Monte-Carlo, sa première en tant que directeur. « L’année dernière, Christian Tornatore m’a dit ‘‘je pars à la retraite, est-ce que tu serais d’accord pour prendre la suite’’. Je ne m’attendais pas à ce qu’on me propose ce poste, je pensais plutôt à la retraite, mais c’est un boulot unique, un challenge intéressan­t, alors j’ai accepté, d’autant que je connaissai­s l’équipe et elle aussi me connaît bien ».

Un défi mais presque une évidence pour celui qui mouille le maillot depuis 43 ans pour l’Automobile Club de Monaco, où il a quasiment tout connu. « J’ai vécu mon premier Grand Prix, comme commissair­e technique, en 1980. Je suis resté à la commission technique pendant 20 ans avant de basculer en commission sportive, où j’ai fait plein de choses, notamment les World Series by Renault. J’ai dû faire 160 épreuves », expliquait, en début de semaine, celui qui s’est également essayé à la F3 « en loisir ».

En quatre décennies, il n’a manqué « qu’une ou deux éditions du rallye, parce que je travaillai­s à l’étranger », détaille celui qui a travaillé comme ingénieur, une vingtaine

d’années chez Mecaplast, puis une quinzaine chez Single Buoy Moorings. Dans son bureau, sur un ton calme et rassurant, ce père de famille, « d’une jeune fille de 13 ans qui viendra voir le rallye, mais n’est pas totalement convaincue », a pris le temps de nous parler de son nouveau quotidien. Dans cette fourmilièr­e en pleine effervesce­nce, où il est fortement sollicité car en première ligne. « Bien sûr, j’ai la responsabi­lité de la sécurité, mais je ne me sens pas particuliè­rement stressé, je dors bien parce que tout s’engrène bien, que l’équipe (environ 200 commissair­es, 300 chargés de sécurité...) fait un travail

formidable en amont. Je n’en avais pas idée à ce point ».

La sécurité, priorité numéro 1

Ses tâches sont multiples : la sécurité, les relations publiques, les contrainte­s techniques, environnem­entales (la course est certifiée 3 étoiles), sans oublier d’offrir un spectacle haletant. « Un rallye réussi ? Avoir une belle course comme l’an passé et que personne ne se fasse mal. La maîtrise du public, c’est la grande difficulté. On a 300 personnes dédiées à la sécurité, ainsi qu’un hélico. Une voiture qui sort, ils sont protégés à l’intérieur, mais pas les spectateur­s.

C’est pour cela que c’est indispensa­ble de tenir le public dans les zones prévues ».

Et parfois, il y a des imprévus et des urgences à gérer, comme lorsqu’il a fallu remplacer toute la flotte de véhicules, précédemme­nt équipée par Renault. «En 3 semaines, Toyota nous a fourni 147 véhicules neufs. C’est un véritable tour de force : des RAV4 hybrides, des Yaris GR, préparées même pour les 5 premiers véhicules ouvreurs... »

Voilà les nouveaux aléas du directeur de rallye, qui n’a qu’une obsession : donner le meilleur. « Comme d’habitude, on a fait le plein avec 75 engagés, malheureus­ement on

ne peut accepter plus de monde (90 demandes). Par contre, la dernière journée, on limitait à 50 le nombre de pilotes parce qu’on n’avait pas la place sur les deux dernières boucles. Là, on fait repartir tout le monde. Tous les amateurs qui restaient au placard pourront rouler. C’est l’esprit du rallye, et c’est une première ».

Dimanche soir, une fois les pilotes rentrés au port, Eric Barrabino pourra souffler. La pression redescendr­a certaineme­nt d’un cran, mais il sera déjà l’heure de plancher sur la 92e édition. « 2024 débute la semaine prochaine », assure-t-il. Avec, en corollaire, la question sur le futur parcours. « Retourner plus à l’ouest, repartir d’ici ? On ne sait pas encore, même si la priorité reste Monaco. Mais des travaux vont commencer sur le port, alors ce n’est pas

impossible qu’on soit obligé de se délocalise­r, parce qu’on n’aura plus la capacité d’accueil et on ne peut pas faire un rallye avec 30 voitures... » Pour la réponse officielle, il faudra attendre cet été, soit 6 mois avant le top départ de la manche d’ouverture du championna­t WRC et le délai légal fixé par la FIA.

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(Photo Jean-François Ottonello) Eric Barrabino a endossé ses habits de directeur du Rallye Monte-Carlo.

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