Monaco-Matin

Antoine de Caunes TOUT À FAIT SON GENRE

Mardi, l’animateur lance une nouvelle collection sur Canal+, Genre, genres, une pastille mensuelle consacrée au cinéma de... genre avec les zombies comme première thématique.

- Genre, genres, sur Canal+. MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Antoine de Caunes est un mordu de cinéma. Lors de la dernière Mostra de Venise, l’ancien trublion de Nulle part ailleurs et maître de cérémonie des derniers César, officiait quotidienn­ement, en partenaria­t avec Canal+, pour proposer une pastille sur le festival italien du cinéma. De là, est née une réflexion qu’Antoine de Caunes a partagée avec la direction de Canal+ : proposer une émission sur le cinéma mais qui n’est pas calquée sur une actualité. Voici donc Genre, genres, un rendez-vous mensuel autour d’un genre cinématogr­aphique avec, à chaque émission, une chronique de Michel Hazanavici­us, le réalisateu­r de The Artist, OSS117 ou récemment Coupez !. Pour cette première émission, diffusée ce mardi, on s’intéresse à un genre à la mode : les films de zombies.

Quel est le concept de l’émission ?

Ce n’est pas une émission mais une collection, dans le sens où vous pouvez regarder un épisode aujourd’hui, dans six mois ou dans dix ans. Nous ne sommes pas liés à une actualité cinématogr­aphique. C’est une collection divertissa­nte qui va satisfaire les amateurs du genre traité mais pas que, l’idée c’est aussi de faire découvrir des genres.

Quel est le genre qui vous séduit le plus ?

Le western car j’ai grandi avec des films de western. Le concept du western a été décliné sous toutes ses formes ensuite. Star Wars est un western, on y parle de vengeance, de ségrégatio­n, de conquête de territoire­s. De John Ford à Scott Cooper, les réalisateu­rs ont toujours su se réinventer pour aborder le genre du western.

La première de s’intéresse aux zombies. C’est un genre à la mode ?

Genre, genres

C’est un genre fascinant car vous avez tout dedans, du bon nanar avec des nains nazis à World War Z avec Brad Pitt. Le film de zombies a une palette très large. On va parler du film culte de George Romero, La Nuit des morts-vivants, sorti en 1968, qui a construit le culte à son univers actuel qui est dense, mais également des séries sur les zombies dans tous les pays à part la France.

Pourquoi la France est-elle réfractair­e aux films de zombies ?

Globalemen­t, le cinéma de genre en France est mal considéré, on est très sérieux parce qu’on a inventé le cinéma. On ne rigole pas avec ça, suffit de voir la cérémonie des César. C’est un art, le cinéma, et on a un esprit de sérieux terrifiant en France, on ne sait pas s’amuser avec le cinéma.

Existe-t-il un genre auquel vous avez du mal à adhérer ?

Le film d’horreur pur et dur car je suis facilement impression­nable. Je sursaute trop vite, ça me met très mal à l’aise. Je ne suis pas un grand fan des comédies romantique­s classiques ou de la science-fiction, je décroche vite à moins de tomber sur un chefd’oeuvre comme le premier Alien.

Quid de la comédie musicale, un genre très peu abordé en France ?

Je pense que c’est l’ambition inavouée de chaque réalisateu­r français. Ma fille, Emma, rêve de ça. Mais les artistes français n’ont pas la culture anglo-saxonne qui permet à un acteur d’être formé à la danse, au chant, en plus de la comédie, on n’a pas cette culture du music-hall. Et puis le français est une langue plus difficile à chanter que l’anglais. Malgré tout, j’ai adoré Les Parapluies de Cherbourg et Peau d’âne de Jacques Demy. On a globalemen­t du mal avec le cinéma de genre en France, il ne faut jamais faire d’injonction quand on va voir un film, on est trop rationnel, on manque d’absurde.

Dans quel sens ?

On aime rire, on aime l’ironie, la vanne, on adore s’amuser mais il nous manque le sens de l’absurde que les Anglais manient à merveille, par exemple. Les Anglais, ce n’est pas la chute d’une blague qui compte pour eux, c’est le chemin et c’est une différence fondamenta­le quand on fait du cinéma. Récemment, le livre de George Sanders, Mémoires d’une fripouille, est ressorti, il faut le lire car c’est extraordin­aire. Il est devenu acteur par défaut et il a cette distance, ce regard, qui lui a permis d’être un acteur exceptionn­el.

« C’est un art, le cinéma, et on a un esprit de sérieux terrifiant en France, on ne sait pas s’amuser avec le cinéma »

Michel Hazanavici­us, qui sera présent chaque mois dans votre émission, a ce côté absurde, non ?

Michel s’amuse du cinéma et il n’en a pas fini. Il me fait penser à Sydney Pollack, capable de changer de genre à chaque film, du film presque muet au film d’espion, au cinéma de genre, à la comédie, au burlesque avec Le Grand Détourneme­nt qui est ce qu’on appelle un classique. Mais d’autres sont prometteur­s dans l’absurde : Quentin Dupieux, François Descraques, Douglas Attal. Il se passe quelque chose dans le cinéma français avec de nouveaux réalisateu­rs qui osent le genre. mardi, à partir de 22 h 55,

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