« Plus de stress qu’en course »
Ancien pilote officiel Skoda en WRC (2005) et champion de France (2003), Alexandre Bengué porte aujourd’hui plusieurs casquettes. Dont celle d’ouvreur du pilier belge du team Hyundai, Thierry Neuville, qu’il vient de coiffer à 47 ans. Rencontre.
Alex, comment s’est décidée cette collaboration avec Thierry ?
Il cherchait quelqu’un pour prendre la succession de Bruno Thiry qui a choisi de s’arrêter en fin de saison dernière. Voilà, Thierry s’est tourné vers moi et m’a proposé de l’épauler dans cette fonction que j’exerce depuis un bon bout de temps maintenant (ouvreur de Sébastien Ogier de 2009 à 2012 puis auprès de certains gros bras du championnat de France, ndlr).
Ce genre de challenge ne se refuse pas, bien sûr. Je suis heureux de retrouver le haut niveau, surtout en compagnie d’un pilote de pointe qui va se battre pour le titre. C’est gratifiant. Mission très intéressante.
En quoi se distingue-t-il des autres pilotes pour lesquels vous avez officié en tant qu’ouvreur ?
Thierry fait partie des quelques pros du WRC possédant une immense expérience. Il connaît son job sur le bout des doigts. Donc il sait exactement ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. A partir de là, c’est à moi de m’adapter à son vocabulaire, à ses besoins. Je ne suis pas du tout force de proposition, de suggestion, comme j’ai pu l’être ces derniers temps avec des garçons moins aguerris.
Une lourde responsabilité pèse sur vos épaules. La pression estelle aussi forte quand on ouvre que lorsqu’on pilote ?
Oui ! Je dirais même que cela génère plus de stress qu’en course. Le pilote, il fait de son mieux... et il a un impact direct sur sa performance. L’ouvreur, en revanche, il communique des informations, un ressenti. Il détaille l’état du terrain à un instant T, avec un maximum de précision, de minutie. En espérant être bien compris. Grosse responsabilité, en effet...
Le soleil, annoncé omniprésent du départ à l’arrivée, facilite-t-il la tâche des ouvreurs cette année ?
Bonne question ! J’entends certains balancer que ce n’est pas un vrai Monte-Carlo. Mais il n’y a pas de vrai ou de faux Monte-Carlo ! Les températures froides font que cette épreuve demeure difficile à appréhender. Même très majoritairement sec, le terrain évolue sans cesse. Vu de loin, on dirait un rallye sprint. Attention aux apparences trompeuses ! Quelques pièges tapis dans l’ombre vont toujours subsister. On doit les débusquer pour lui éviter de se prendre les pieds dans le tapis.
La qualité numéro 1 d’un bon ouvreur selon vous ?
La capacité à noter seulement ce qui est important. Afin d’apporter au pilote un maximum de sécurité sans le freiner. Plus facile à dire qu’à faire...