Lac des grenouilles : une proposition alternative
Alors que l’alevinage (la réintroduction de bébés poissons) sur le lac des Grenouilles devait être interdit dès 2023, les services du Parc national du Mercantour ont repoussé d’un an l’application de cette interdiction, après discussion avec l’association des pêcheurs de Tende. « C’est un endroit où les poissons ont du mal à se reproduire naturellement… Sans alevinage, en maintenant la pêche dans les dispositions actuelles, il n’y aura plus de poisson d’ici 2 à 3 ans. Cette décision sonne le glas de la pêche au lac des Grenouilles… », exposait Cyrille Leja dans notre édition du 26 octobre 2022, pour argumenter face à la décision du Parc national du Mercantour, qui souhaitait que ce lac redevienne « 100 % naturel ».
Une décision difficile à comprendre : «Ona déjà des restrictions en ce qui concerne les alevinages : pas plus de 1 000 poissons par an. Or, on estime que seulement 1 % arrive à l’âge adulte… Par ailleurs, pour se prémunir des maladies, il y a une batterie de tests sanitaires réglementaires avant toute introduction… »
S’il salue le report de l’application de l’interdiction, il ne s’en contente pas : « Une année, ce n’est pas grand-chose…»
Alors ils viennent de proposer une solution d’empoissonnement durable alternative au
Parc national.
Un vivier naturel
« On voudrait créer une zone de pêche interdite, une sorte de réserve dans le torrent de Fontanalbe, à une centaine de mètres en contrebas du lac sur environ deux cents mètres de linéaire. On y ferait un prélèvement grâce à une pêche électrique, qui étourdit un peu le poisson, pour pouvoir réinjecter celui-ci plus haut dans le lac des Grenouilles. Comme ça, on reste sur une réintroduction de poisson sauvage et local, notre truite Fario. Une souche sauvage et endémique pour une meilleure qualité de pêche sur le secteur, et on élude tous les problèmes sanitaires, de risque d’introduction de maladie, etc. », expose Cyrille Leja. « Et puis on fait d’une pierre deux coups, car à certains endroits il faut réduire la densité de poissons sinon ils n’ont plus assez à manger et ne peuvent plus se développer. »
Et de rappeler : « La pêche dans les lacs de haute montagne a aussi une vocation historique : c’était les bergers à l’époque à la fin du XIXe siècle qui introduisaient du poisson dans les lacs pour se constituer leur garde de manger naturel…» Le dossier est entre les mains du Parc national du Mercantour.