Monaco-Matin

De l’actualité en 2023 Ceux qui en parlaient le mieux

- Michel Galabru

Bien avant que la critique ne daigne reconnaîtr­e le talent de Louis de Funès, ses partenaire­s criaient déjà au génie. In fine, ce sont eux qui en parlaient le mieux. Florilège. ◗ « [Avant notre premier film], on m’avait dit : ‘‘Méfie-toi, il ne supporte pas qu’on lui bouffe la scène.’’ Moi, je ne voulais pas d’ennuis. Je me suis placé dos à la caméra. Il m’a regardé avec des yeux ronds : ‘‘Mais pourquoi tu fais ça ? Mets-toi normalemen­t !’’ Vous voyez comme les gens peuvent être méchants… »

◗ « Après le premier Gendarme ,De Funès est devenu une grande star. Mais il n’a jamais modifié son attitude à mon égard. On se retrouvait tous les deux ans environ, et à chaque fois, les gens me disaient : ‘‘Tu vas voir, il a pris la grosse tête.’’ Et à chaque fois, je retrouvais mon Louis tel que je l’avais laissé. Il ne s’est jamais pris au sérieux. Sur les affiches des derniers Gendarme, c’est lui qui a exigé que mon nom soit audessus du titre. »

◗ « Louis a souffert du mépris des élites. Il aurait voulu tourner avec Roman Polanski, par exemple. Il se rendait compte que certains films ne volaient pas bien haut. »

France Rumilly

◗ « Louis était un homme charmant, discret, agréable dans le travail. Je précise qu’il était toujours ainsi vingt ans plus tard, quand nous avons tourné le dernier Gendarme. Il n’a jamais changé ; c’est le regard des autres qui a évolué. »

Claude Gensac

◗ « Il était réservé. Et inquiet ! Oh là

là ! Il me demandait toujours : ‘‘Tu ne trouves pas que j’en fais trop ?’’ Il avait besoin d’être rassuré. »

◗ « Le premier jour du tournage d’Oscar [en 1967, Ndlr], il m’a dit : ‘‘Tu m’écoutes et tu me suis’’ .Et jusqu’à notre dernier film, je n’ai fait que ça : l’écouter et le suivre. »

Henri Guybet

◗ « Lorsque j’ai dit aux copains du Café de la gare que j’allais tourner avec De Funès, ils m’ont presque consolé : ‘‘Tu vas te faire chier ! Il paraît qu’il fait couper au montage les comédiens qui lui font de l’ombre.’’ Louis savait ce qui circulait sur son compte. Il s’en amusait. Un jour, il m’a dit : ‘‘C’est bien ce que vous faites.

C’est dommage, le public ne le verra jamais.’’ Et… clac ! Il mimait des ciseaux. C’était pour rire. »

◗ « Dès le premier jour de tournage, il cherchait mon regard, guettait mes réactions. Il ne voulait pas seulement faire son numéro ; il vous aidait à vous surpasser ! »

Mylène Demongeot

◗ « On rigolait bien ensemble. Et puis, je l’admirais sincèremen­t. Si vous lisez le scénario de Fantômas et que vous voyez ce qu’il en a fait, c’est extraordin­aire ! »

◗ « En 1966, j’ai appris que Marcel Aymé adorait De Funès et qu’il rêvait d’écrire pour lui. Vous imaginez,

si le virtuose qu’était Louis avait eu une telle partition à jouer ? Je suis inconsolab­le des chefs-d’oeuvre qu’ils n’ont pas faits ensemble. »

Serge Korber

◗ « Dans le monde de la Nouvelle vague, autour duquel je gravitais, faire un film avec De Funès était très mal vu. On lui reprochait de faire des films ‘‘commerciau­x’’. Lorsque François Truffaut a su que j’avais un projet avec Louis, il a hurlé : ‘‘Je t’interdis de faire un film avec ce type !’’ On s’est fâchés à cause de ça. [...] L’avantage de travailler avec Louis, c’est que le budget était quasiment illimité. On pouvait tout demander aux producteur­s ; ils étaient d’accord sur tout. »

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 ?? (Photos Sophie Louvet et L. P.) ?? De gauche à droite et de haut en bas : Michel Galabru, France Rumilly, Claude Gensac, Henri Guybet, Mylène Demongeot et le réalisateu­r Serge Korber.
(Photos Sophie Louvet et L. P.) De gauche à droite et de haut en bas : Michel Galabru, France Rumilly, Claude Gensac, Henri Guybet, Mylène Demongeot et le réalisateu­r Serge Korber.

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