Dans l’attente de chars lourds, la situation s’enlise en Ukraine
La Russie fortifie ses positions, et Kiev ne dispose pas des équipements nécessaires pour briser les lignes. Les Pays baltes tentent à leur tour de faire bouger Berlin.
En Ukraine, la ligne de front ne bouge plus guère – et seulement au prix de nombreuses vies –, une situation qui risque de durer tant que les alliés de Kiev ne lui fourniront pas les blindés nécessaires à une contre-offensive. Confrontée au renforcement des défenses russes, Kiev a accentué hier sa pression sur les Occidentaux après l’absence d’accord sur ce sujet lors de la réunion internationale de la veille en Allemagne (nos éditions d’hier). « L’indécision [...] tue encore plus de nos concitoyens », a critiqué Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de la présidence ukrainienne. « Vous aiderez l’Ukraine avec les armes nécessaires de toute façon et réaliserez qu’il n’y a pas d’autre option pour mettre fin à la guerre », a-t-il plaidé, faisant écho à des propos similaires la veille de Volodymyr Zelensky.
Des avancées en centaines de mètres
Signe que les lignes pourraient bouger, les trois ministres des Affaires étrangères des Pays baltes ont, dans une rare critique publique, exhorté hier matin Berlin «à fournir dès maintenant des chars Leopard », plaidant « la responsabilité particulière » de l’Allemagne, « première puissance européenne ». Les critiques directes envers Berlin sont également venues d’un sénateur Républicain américain, Lindsey Graham, à l’issue d’une visite à Kiev. « J’en ai assez du “show merdique” autour de qui va envoyer des chars et
quand », a-t-il fustigé. « Aux Allemands : envoyez des chars en Ukraine car ils en ont besoin. [...] À l’administration Biden : envoyez des chars américains pour que d’autres suivent notre exemple. »
Les troupes russes « s’enterrent, elles creusent des tranchées,
placent des “dents de dragon” [défenses anti-char, Ndlr], posent des mines. Elles essaient vraiment de fortifier cette ligne de front », a souligné cette semaine le Pentagone. Les avancées sur le champ de bataille se mesurent, selon lui, désormais en centaines de mètres. L’objectif est donc de permettre à l’Ukraine «de changer cette dynamique de défenses statiques ».
« Fenêtre étroite »
Le ministre américain de la Défense a fait savoir vendredi que Washington s’attendait à une contre-offensive de l’Ukraine au printemps. Les annonces récentes de livraison de nombreux blindés légers devraient aider, sans pour autant être suffisants. Et il faudra du temps pour former les troupes de Kiev. «Si on prend en compte la météo et le terrain, on voit qu’on a une fenêtre relativement étroite » pour une telle offensive, a pointé le chef d’étatmajor américain, qui a souligné que ce serait une tâche