Monaco-Matin

THÉRAPEUTE DE COUPLE

- DE NANCY CATTAN

Elle est cette année encore tout en bas du classement des choix des internes : la médecine et santé au travail n’attire pas les foules d’étudiants en médecine. Et on peut les comprendre : les médecins du travail ne sont même pas autorisés à prescrire des médicament­s ! Pourtant, cette spécialité devrait, avec le projet de réforme des retraites, se retrouver en première ligne : ce sont en effet les médecins du travail qui devront déterminer si un salarié peut prétendre à une retraite anticipée. Mais, de la même façon que l’on prévoit de reculer l’âge de la retraite sans avoir réglé le problème majeur de l’emploi des seniors, nos dirigeants « omettent » une donnée décisive : il y a moins de 5 000 médecins du travail en France (pour plus de 25 millions de salariés !). La profession a perdu en quelques années 40 % de son effectif. Des années pendant lesquelles cette spécialité dédiée à la prévention a hurlé dans le désert pour essayer de sensibilis­er à la dégradatio­n de l’état de santé des salariés. Études à l’appui. Alors que le travail devient moins dur physiqueme­nt, les motifs de malaise et de souffrance psychique se multiplien­t, avec les nouvelles formes d’organisati­on du travail : défaut de valorisati­on, de reconnaiss­ance, relations interindiv­iduelles dégradées… Plutôt que de confier à la médecine du travail la simple tâche de conclure sur la capacité d’un salarié de 61 ans à poursuivre ou pas sa carrière, donnons-lui les moyens d’intervenir tout au long de la vie d’un salarié. Il y a fort à parier que cette spécialité retrouvera un peu d’attractivi­té. Si le recul de l’âge de départ à la retraite fait autant frissonner, c’est aussi à cause de ce désamour au travail qui n’a pour beaucoup qu’une issue : le divorce. Le médecin du travail ne devrait-il pas être le thérapeute de ce couple ?

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