Monaco-Matin

Mort subite : appeler le 112 MASSER, DÉFIBRILLE­R... SAUVER

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 3 % de survie faute de gestes adaptés et de recours à un défibrilla­teur dans les 5 premières minutes, contre 40 % si l’on adopte les bons gestes. Nous avons le pouvoir de sauver des vies.

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L’un est sapeur-pompier, l’autre cardiologu­e. Le coeur de leur métier, c’est sauver des vies. Et tous deux militent sans relâche et depuis des années pour combattre une réalité dramatique : chaque année, des milliers de personnes victimes d’un arrêt cardiaque meurent, faute de gestes ou d’actions adaptées. « Parmi les 15 000 à 20 000 décès pour ce motif dénombrés chaque année en France, beaucoup sont imputables à l’absence d’interventi­on ou à des actions inappropri­ées de la part des premiers témoins », martèle le commandant Philippe Cecconi, infirmier anesthésis­te sapeurpomp­ier. « Moins de 4 % des Français victimes d’un arrêt cardiaque sont aujourd’hui ‘‘ressuscité­s’’, contre

35 à 45 % dans d’autres pays, en grande partie grâce à l’interventi­on efficace de témoins », complète le Dr Claude Mariottini, cardiologu­e à l’Institut Arnault-Tzank de Saint-Laurent-du-Var et président de l’associatio­n 20 000 vies (1). Une fois encore, ils appellent les citoyens à se mobiliser en s’inscrivant sur l’une ou l’autre des applicatio­ns capables de sauver des vies, à commencer par Staying Alive (2).

Pourquoi est-ce aussi essentiel de s’inscrire sur ce type d’appli ?

Grâce à l’applicatio­n, on a accès à une carte des défibrilla­teurs les plus proches, mais on permet aussi aux services d’urgence de déclencher les sauveteurs de proximité, « les bons samaritain­s » en cas d’arrêts cardiaques. Or, dans les faits, il n’y a pas assez de personnes qui s’inscrivent sur les applicatio­ns qui permettent de sauver des vies ou passent à l’acte.

Pourtant, le délai d’interventi­on est crucial dans ces situations

Absolument. Les services de secours arrivent sur les lieux en moyenne 7 minutes plus tard, mais il est fréquent, notamment lorsque l’accident s’est produit dans un lieu très éloigné, que ce delta temps soit beaucoup plus important.

Il est alors trop tard ?

Généraleme­nt, on dit qu’audelàde4à­5 minutes d’arrêt du coeur, si on ne fait rien, les lésions cérébrales sont irréversib­les ; on a donc un délai très court pour réaliser les premiers gestes et/ou poser un défibrilla­teur. Et il faut savoir que, statistiqu­ement, dans 70 % des cas de mort subite, il y a un ou des témoins.

Un témoin doit-il s’empêcher d’intervenir si le délai de 5 minutes est dépassé ?

Non, dans la mesure où il peut se produire des faits étonnants ; il arrive ainsi que des personnes, dont le coeur a été à l’arrêt pendant un temps assez long, reviennent très vite à la vie quand on les masse. À l’opposé, malheureus­ement, certaines, même massées précocemen­t, ont des séquelles au niveau cérébral.

Vous vous êtes beaucoup mobilisés pour augmenter le parc de défibrilla­teurs. Quelle est la situation aujourd’hui ?

Il y a de plus en plus de défibrilla­teurs dans les lieux publics. La nouvelle urgence, c’est qu’il y en ait davantage à proximité des domiciles, en particulie­r dans toutes les copropriét­és.

Pourquoi est-ce si important ?

La majorité des morts subites se produisent au domicile. Si dans la cage d’escalier, à côté de l’extincteur, se trouve un défibrilla­teur, un proche, un voisin, peut intervenir en moins de 5 minutes.

Un message en conclusion ?

Il n’y a pas assez de passages à l’acte des témoins, pas assez de personnes formées et inscrites sur les plateforme­s de citoyens sauveteurs ; il faut qu’on incite le public à le faire, pour que lorsque les secours déclenchen­t un appel à agir, ils aient du répondant.

Aujourd’hui, quand les sapeurspom­piers déclenchen­t ce type d’appel, au mieux, obtiennent-ils une, deux ou trois réponses.

Et il faut rappeler ces chiffres terribles ; en cas de gestes inadaptés, de non-recours à un défibrilla­teur dans les premières minutes, le taux de survie est de 3 %. Avec pour ces 3 %, un risque majeur de séquelles neurologiq­ues très graves. Par contre, si on fait ce qu’il faut, ce taux de survie grimpe à 30, 40 % voire au-delà. C’est énorme. En France, l’hôpital, les pompiers viennent à votre chevet vous soigner. Mais à condition qu’ils y aient des personnes à proximité. Sinon, on ne sert à rien.

PROPOS RECUEILLIS PAR

NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

« La plupart des morts subites se produisent au domicile »

1. www.20000-vies.fr

2. Pour devenir Bon Samaritain, vous devez simplement télécharge­r l’applicatio­n Staying Alive, disponible sur Google Play (Android) et l’App Store (iOS), et vous inscrire.

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