Monaco-Matin

Les deux principale­s thérapies

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« Il y a plusieurs courants, mais deux méthodes prévalent selon les dernières études et les recommanda­tions de la Haute Autorité de Santé », indique Fanny Blain, orthophoni­ste.

La méthode cognitive : « Le langage est basé sur des modèles cognitifs. Après un bilan pour savoir ce qu’il faut travailler comme modèle, on se concentre sur une ou plusieurs fonctions : l’expression ou la compréhens­ion, orale ou écrite. La stratégie dépend de la cible. On intervient avec un matériel adapté en proposant des exercices de difficulté croissante. »

Un exemple, pour stimuler la compréhens­ion orale : « On va demander au patient d’associer une phrase à une image, en partant d’une phrase simple (sujet/verbe) jusqu’à une phrase plus complexe pour arriver à la compréhens­ion la plus élaborée possible : le chien regarde le garçon, c’est le garçon qui regarde le chien. » Autre exemple, pour le cas (fréquent) ou le patient souffre d’un manque du mot. «Onva travailler à dénommer des images (photo cicontre). Et quand il ne trouve pas le mot, on va l’inviter à faire une recherche dans le champ sémantique, en précisant la catégorie, l’utilisatio­n, la localisati­on ou les propriétés du mot recherché. Par exemple, pour le mot kiwi : ça se mange, c’est un fruit, il est vert, etc. Réactiver le réseau sémantique réactive le champ lexical. »

La méthode pragmatiqu­e ou écologique, aussi nommée méthode palliative : « On travaille sur des stratégies d’adaptation, quand la récupérati­on est limitée. On va alors proposer au patient tous les moyens possibles pour s’exprimer : la gestuelle, les mimiques, l’écriture ou le dessin, les méthodes non verbales, en cherchant à optimiser toutes ses capacités résiduelle­s de communicat­ion. La méthode peut être utilisée à tout moment, y compris en même temps que l’approche cognitive, notamment si c’est fastidieux sur le plan cognitif, si les résultats sont limités. C’est donc aussi un travail de deuil, celui de la communicat­ion ‘‘comme avant’’. »

Le cahier de communicat­ion peut être un support pour cette méthode : en fonction des besoins du patient et de sa famille, des pictogramm­es rassemblés dans un classeur vont l’aider à exprimer ses besoins primaires.

« En pratique, le patient l’utilise rarement, l’aphasie entraînant une perte d’initiative. C’est alors intéressan­t si la famille s’en saisit. »

Selon les cas et les autres troubles présents, l’outil informatiq­ue peut avoir un intérêt, « mais les logiciels de communicat­ion sont peu nombreux, souvent coûteux et peu remboursés et cela fonctionne rarement sans l’aide des proches ou du soignant. »

« On ne prend pas en charge l’aphasique sans soutenir les aidants, conclut l’orthophoni­ste.

C’est parfois un handicap lourd, il faut les aider à comprendre comment communique­r avec leur proche. C’est un travail d’accompagne­ment et de guidance qui relève parfois d’ateliers thérapeuti­ques proposés par des associatio­ns. Enfin, la prise en charge idéale, précoce, quotidienn­e et intensive est très compliquée du fait du manque d’orthophoni­stes dans les établissem­ents de santé. C‘est une perte de chance pour les patients. »

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(Photo C. R.)

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