Monaco-Matin

Le traumatism­e crânien chez l’enfant EN 3 QUESTIONS

Chez les jeunes enfants, les coups sur la tête sont très fréquents. Dans la très grande majorité des cas, le choc est léger et sans gravité. Mais lorsqu’il est sévère, il peut entraîner des complicati­ons. Le Dr Hervé Haas nous aide à reconnaîtr­e les signe

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr

Chez les enfants, les coups sur la tête sont très fréquents et donnent des sueurs froides aux parents. Dans les premiers mois de vie, les accidents surviennen­t souvent alors que bébé est sur la table à langer, assis sur sa chaise haute ou dans la poussette. Quand bébé commence à se déplacer, puis à marcher, il peut tomber dans les escaliers ou dans l’aire de jeux. « Les jeunes enfants peuvent se faire mal à la tête car ils n’ont pas le réflexe de se protéger avec les mains. De plus, chez le tout-petit, le poids du crâne est très important par rapport au reste du corps. Résultat, l’enfant perd son équilibre plus vite et chute plus facilement », détaille le Dr Hervé Haas, chef du service de pédiatrie de l’hôpital princesse Grace de Monaco. Ce choc au niveau du crâne – quelle que soit la violence – s’appelle un traumatism­e (« trauma ») crânien. Dans près de 95 % des cas, il est léger et sans suite. Lorsqu’il est sévère, il peut causer des complicati­ons graves. Le Dr Hervé Haas nous détaille les situations à risque, les signes de gravité et les gestes à adopter.

Quelles sont les situations à risque ? L’âge de l’enfant

Un enfant de moins de deux ans – qui fait une chute sur la tête – a plus de risques d’avoir des complicati­ons. « Car les vaisseaux à l’intérieur du crâne peuvent bouger et se déchirer beaucoup plus facilement que chez un adulte. Le risque d’hémorragie est donc plus important », précise le pédiatre.

« Ce qui doit alerter, c’est une réaction plusieurs minutes voire plusieurs heures après la chute »

La hauteur de la chute

En cas de chute, la hauteur doit évidemment alerter. « Que ce soit pour les enfants ou les adultes, si la personne fait une chute de presque deux fois sa taille, il existe un haut risque d’avoir des complicati­ons », précise le pédiatre. Ainsi, le jeune enfant qui mesure 70 centimètre­s et qui bascule d’1,20 mètre fait une chute de deux fois sa taille : « À l’échelle d’un bébé, c’est déjà haut. »

La zone touchée

Un choc frontal ou occipital (partie arrière du crâne) est souvent moins grave qu’un choc au niveau temporal. « En effet, sur les deux premières zones l’os est plus gros et il peut amortir le choc. En revanche, au niveau de la tempe, l’os est plus fin et fragile. L’artère temporale est située juste au dessous et elle peut se déchirer facilement. »

Quels sont les signes cliniques qui doivent alerter ?

Après un choc sur le crâne, il faut prendre en compte l’âge de l’enfant, la hauteur de la chute et la zone touchée, mais surtout, observer le comporteme­nt de l’enfant. Juste après l’incident, s’il est dans les vapes, qu’il vomit ou pleure, ce n’est pas un facteur de gravité. « En effet, il s’agit d’un réflexe vagal bénin et il retrouve son état normal en quelques minutes. »

En revanche, ce qui doit alerter, c’est une réaction plusieurs minutes – voire plusieurs heures après la chute sur la tête – comme des vomissemen­ts répétés et persistant­s ou une pâleur du visage. « Cela signifie qu’il peut y avoir une hémorragie à l’intérieur ou autour du cerveau. C’est le risque majeur en cas de traumatism­e crânien. Car dans ce cas, il peut y avoir des séquelles neurologiq­ues. » Contrairem­ent à ce que l’on peut penser, la fracture du crâne n’est pas toujours un signe de gravité. « Vous pouvez avoir un crâne parfait avec des complicati­ons intercéréb­rales. Ou au contraire, on peut avoir une fracture du crâne ou une grosse bosse (lire par ailleurs) mais aucune complicati­on car l’os a amorti le choc. »

Que faut-il faire ? En cas de situations d’urgence

Si l’enfant a eu un traumatism­e violent, qu’il a perdu connaissan­ce plusieurs minutes après le choc ou que son état s’aggrave, il faut le poser en position latérale de sécurité, en dégageant son nez et sa bouche. Puis, il faut appeler les secours (le 15).

S’il s’agit d’un bébé de moins de 3 mois ou d’un enfant qui a fait une chute d’une hauteur importante (plus de 90 cm avant 2 ans), il s’agit d’un motif d’urgence.

Si l’enfant n’a pas de signes inquiétant­s

Si l’enfant a chuté mais qu’il se comporte normalemen­t, il faut quand même le surveiller pendant 48 à 72 heures car des complicati­ons peuvent apparaître. « On vérifie qu’il a un comporteme­nt normal, c’est-à-dire qu’il réagit bien aux stimulatio­ns, qu’il boit, qu’il mange, qu’il sourit..»

Si la chute s’est déroulée le soir, il faut surveiller son état durant son sommeil toutes les 3 à 4 heures. « On vérifie que l’enfant dort bien, respire bien, bouge normalemen­t dans son lit...» Au moindre doute après une chute, il ne faut pas hésiter à contacter un médecin ou se rendre aux urgences pédiatriqu­es.

 ?? (Photo Pexels) ?? Après une chute sur la tête, des vomissemen­ts répétés et persistant­s plusieurs minutes ou plusieurs heures après, ainsi qu’une pâleur du visage, doivent alerter.
(Photo Pexels) Après une chute sur la tête, des vomissemen­ts répétés et persistant­s plusieurs minutes ou plusieurs heures après, ainsi qu’une pâleur du visage, doivent alerter.
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