11 h 09 et 14 secondes : « Il vient d’y avoir un face-àface entre deux trains »
« Je suis un conducteur de la SNCF, il vient d’y avoir un face-à-face entre deux trains dans le tunnel avant la gare de Saint-Dalmas-deTende en montant. » Tel est le message qui parvient au centre d’appels des secours ce lundi 27 janvier 2003. « À 11 heures, 9 minutes et 14 secondes très exactement », précise le commandant Alain Bertolo. Cet officier en charge de la protection du patrimoine des sapeurs-pompiers des AlpesMaritimes en est un peu la mémoire vivante. À l’occasion de la commémoration de l’accident de Biogna, il revient sur cette collision ferroviaire qui, il y a tout juste 20 ans, fit deux morts et de nombreuses victimes.
Plus de 30 ambulances engagées
Dans un article destiné à paraître dans Soldats du Feu Magazine et sur le site du SDIS06, le commandant Bertolo décrit méticuleusement l’engagement des moyens et l’intervention des secours. Français, mais aussi monégasques et bien sûr italiens. Tout au long de ce lundi noir, les renforts ne cesseront d’arriver. Par l’unique route qui, dans la vallée de la Roya, permet de passer la frontière par le col de Tende. Mais aussi par la voie des airs grâce à trois hélicoptères de la sécurité civile ainsi qu’un engin transalpin.
Plus de trente ambulances seront dépêchées sur place. En renfort des pompiers volontaires de la caserne de Tende. Disposant d’un poste avancé à seulement quelques centaines de mètres des lieux de la collision, ils seront évidemment les premiers sur les lieux. Mais très vite le dispositif monte en puissance : « Moins de 30 minutes après l’alerte, écrit le commandant Bertolo, le premier commandant des opérations de secours sait pouvoir disposer de 15 ambulances, 4 engins-pompe, 5 véhicules pour médecin, 8 voitures dont 4 tout-terrain… » Et les renforts continueront d’affluer jusque dans la soirée.
Deux postes médicaux avancés
Il faut dire que les circonstances de cette catastrophe ferroviaire rendent les opérations particulièrement délicates. La collision s’est produite dans un tunnel. S’il n’y avait ce jour-là qu’une dizaine de passagers dans
le train français, le convoi italien en compte plus de 200 dont 73 lycéens turinois qui se rendaient en voyage scolaire au centre méditerranéen de Cap-d’Ail. Pour accueillir les victimes deux hôpitaux de campagne sont aménagés à chaque entrée du tunnel, le gymnase de Saint-Dalmas est réquisitionné tout comme les lignes téléphoniques du bureau de Poste.
Vers 20 heures, les corps des deux conducteurs
du train italien sont finalement extirpés de leur locomotive. Pour les désincarcérer il a fallu acheminer du matériel lourd et des éclairages. Cela a pu se faire grâce à la draisine motorisée dont disposent les sapeurs-pompiers azuréens. Celle-là même qui, des années plus tard, rendra encore de fiers services dans la vallée de la Roya dévastée, cette fois, par la tempête Alex.