Monaco-Matin

L’appétit de Zelensky

- De PIERRE PEYRET Journalist­e edito@nicematin.fr

Dans son interminab­le liste de courses adressée à l’Occident, Volodymyr Zelensky peut désormais cocher les chars lourds. Le jour de son 45e anniversai­re, après des semaines de coups de pression, le Président ukrainien a obtenu la certitude de voir débouler sur le théâtre de guerre de beaux bébés. En l’occurrence, 31 chars Abrams américains et 14 Leopard 2 issus directemen­t des stocks de la Bundeswehr, l’armée allemande. Une livraison suffisante pour calmer son appétit ? Pas vraiment, et peu lui chaut si le Kremlin y voit un « engagement direct » des Occidentau­x dans le conflit. Le Président ukrainien, lui, en est déjà au coup d’après. Et place à présent la barre encore plus haut. Après la terre, et en attendant de voir débarquer des chars Leclerc que la France tarde à lui accorder, les besoins sont aériens. Le voilà qui ajoute à ses desiderata des missiles à longue portée et des avions de combat, jusqu’ici un tabou. La sanglante et féroce bataille de Soledar, dans la région de Donetsk, l’a montré. Si Vladimir Poutine n’hésite plus à transforme­r ses soldats en chair à canon, avec en première ligne les mercenaire­s du groupe Wagner exfiltrés des geôles russes, le conflit évolue. L’heure est à l’escalade. En France, la classe politique, à gauche notamment, l’a compris. « La Russie est-elle capable d’accepter une défaite militaire ? Je ne pense pas », a déclaré le coordinate­ur de La France insoumise, Manuel Bompard, se chargeant de poser les questions et d’y répondre.

« Le Président ukrainien en est déjà au coup d’après. Et place la barre encore plus haut. »

À droite, Claude Malhuret, le sénateur « Horizons », ne veut plus qu’on s’en pose, justement, des questions : « Il faut évidemment franchir un palier », a-t-il lâché, regrettant que les alliés « laissent le monopole de l’escalade » au Président russe Vladimir Poutine.

« Ni la France ni ses partenaire­s ne sont en guerre contre la Russie », calme-t-on pourtant au Quai d’Orsay dans un curieux timing, alors que la ministre des Affaires étrangères se trouve au même moment… à Odessa. Dans cette surenchère mortifère, impossible cependant de savoir où placer le curseur. Une chose est sûre, sur le terrain, les population­s en paient déjà le prix. Dans une nouvelle salve de missiles russes, onze personnes ont été tuées. Onze de plus. Qui espéraient sûrement une désescalad­e.

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