L’appétit de Zelensky
Dans son interminable liste de courses adressée à l’Occident, Volodymyr Zelensky peut désormais cocher les chars lourds. Le jour de son 45e anniversaire, après des semaines de coups de pression, le Président ukrainien a obtenu la certitude de voir débouler sur le théâtre de guerre de beaux bébés. En l’occurrence, 31 chars Abrams américains et 14 Leopard 2 issus directement des stocks de la Bundeswehr, l’armée allemande. Une livraison suffisante pour calmer son appétit ? Pas vraiment, et peu lui chaut si le Kremlin y voit un « engagement direct » des Occidentaux dans le conflit. Le Président ukrainien, lui, en est déjà au coup d’après. Et place à présent la barre encore plus haut. Après la terre, et en attendant de voir débarquer des chars Leclerc que la France tarde à lui accorder, les besoins sont aériens. Le voilà qui ajoute à ses desiderata des missiles à longue portée et des avions de combat, jusqu’ici un tabou. La sanglante et féroce bataille de Soledar, dans la région de Donetsk, l’a montré. Si Vladimir Poutine n’hésite plus à transformer ses soldats en chair à canon, avec en première ligne les mercenaires du groupe Wagner exfiltrés des geôles russes, le conflit évolue. L’heure est à l’escalade. En France, la classe politique, à gauche notamment, l’a compris. « La Russie est-elle capable d’accepter une défaite militaire ? Je ne pense pas », a déclaré le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, se chargeant de poser les questions et d’y répondre.
« Le Président ukrainien en est déjà au coup d’après. Et place la barre encore plus haut. »
À droite, Claude Malhuret, le sénateur « Horizons », ne veut plus qu’on s’en pose, justement, des questions : « Il faut évidemment franchir un palier », a-t-il lâché, regrettant que les alliés « laissent le monopole de l’escalade » au Président russe Vladimir Poutine.
« Ni la France ni ses partenaires ne sont en guerre contre la Russie », calme-t-on pourtant au Quai d’Orsay dans un curieux timing, alors que la ministre des Affaires étrangères se trouve au même moment… à Odessa. Dans cette surenchère mortifère, impossible cependant de savoir où placer le curseur. Une chose est sûre, sur le terrain, les populations en paient déjà le prix. Dans une nouvelle salve de missiles russes, onze personnes ont été tuées. Onze de plus. Qui espéraient sûrement une désescalade.