Monaco-Matin

Stéphanie Janicot « LA LÉGÈRETÉ EST UNE GRÂCE »

L’auteure et journalist­e d’origine bretonne publie son vingt-deuxième roman, Disco Queen. S’y mêlent joie et désillusio­ns de la vie, lucidité et rêve, sur fond de disco.

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

Qu’est-ce qui aide à se refaire une santé ? Une bonne disco-thérapie ! Souffrante, Soizic, professeur­e d’histoire géo au seuil de la retraite, rêve de métamorpho­ser sa vie en ouvrant une discothèqu­e dans son village de Bretagne. Ses projets, elle les couche sur papier depuis sa chambre d’hôpital. Chloé et Yanne, ses deux filles, vont secrètemen­t l’aider à les réaliser dans un hangar attenant à la maison familiale. Réussira-t-on à y faire venir John Travolta ? Dans Disco Queen, merveilleu­x roman au souffle aérien, Stéphanie Janicot, auteure et journalist­e à qui l’on doit Dans la tête de Shéhérazad­e ou La Mémoire du monde (prix Renaudot poche) explore la nécessité de la légèreté face aux duretés de la vie. Interview, avant sa dédicace cannoise et disco, ce samedi.

Comment est venue l’idée de ce roman ?

Je voulais écrire sur la légèreté. Mon roman précédent, L’Île du docteur Faust, se termine sur cette quête. Ensuite, j’ai passé le confinemen­t dans mon petit village de Bretagne où il y a cette grande maison de maître abandonnée. Je me suis dit qu’il y avait matière à y inventer un lieu collectif très sympa. J’ai fantasmé. Quelques mois après, j’ai eu une maladie... pas grave comme celle de Soizic. On m’a annoncé que je souffrais d’un cancer de la thyroïde dont je n’allais pas mourir. Ma fille m’a tiré les cartes, c’est “party time” qui est sorti... Le roman découle de tous ces éléments.

Est-ce qu’écrire vous rend légère comme votre héroïne ?

Ça aide, c’est ma manière de faire ! Sauf que derrière moi, il n’y a pas de petites fourmis laborieuse­s qui réalisent mes rêves... Le geste même d’écrire me plaît. Pendant que j’écrivais Disco Queen, j’ai écouté beaucoup de disco et ça m’a fait du bien aussi. Danser, rire, jouer c’est léger. J’adore jouer du piano également. Je me suis mise au jazz, j’arrête de jouer de la musique romantique plombante ! Chacun peut trouver une source de légèreté. Dans ce livre, je voulais rendre ses lettres de noblesse à la légèreté.

La légèreté a quelque chose de superflu dans l’imaginaire collectif...

C’est péjoratif même. On dit d’ailleurs ‘‘C’est du lourd’’ pour parler de quelque chose de profond, puissant. ‘‘Léger’’ revêt un aspect plus superficie­l. Je voulais dire à quel point la légèreté est subtile. C’est une grâce.

Que représente le disco pour vous ?

L’année où Saturday Night Fever est arrivé en France, j’allais avoir 11 ans, j’étais dans un collège à Jersey, j’étais la plus jeune du groupe. Tous les soirs, notre bande d’ados mettait la bande-son du film dont je me souviens surtout des Bee Gees, une lumière tamisée et je me projetais dans ce monde fascinant. C’était toute l’émancipati­on que je n’avais pas puisque j’étais une petite rurale, liée à mes parents pour tout. Ça a été le désir de liberté.

« Le disco, ça a été pour moi le désir de liberté »

Dans ce roman, comme dans le précédent, les figures féminines sont source d’inspiratio­n... Je creuse mon monde à moi, ma psychologi­e à moi. Les femmes n’écrivent pas depuis si longtemps pour qu’on puisse affirmer avoir fait le tour de toutes les personnali­tés féminines. Tout ce que j’aurais fait dans ma vie, c’est parler de la femme, de sa vie, ses bonheurs, ses obstacles...

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Disco Queen. Stéphanie Janicot. Éditions Albin Michel. 240 pages. 19,90 euros.

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