Coup de coeur du disquaire : Mercy de John Cale
Thierry Arnaud, de Trip, à Draguignan, a craqué pour Mercy John Cale (Domino).
Cosmic de
Cette année 2023 sera-t-elle celle du retour en grâce des seniors du rock ? Après le formidable comeback d’Iggy Pop, dont mes confrères vous ont dit récemment dans ces pages tout le bien qu’il fallait en penser, voici celui de John Cale, fondateur du mythique Velvet Underground, avant de dérouler une longue carrière solo parsemée d’authentiques chefs-d’oeuvre mais aussi, accessoirement, producteur émérite, notamment du premier album des Stooges, histoire de faire le lien entre ces deux illustres survivants.
Sur cet album, Le Gallois de 80 ans n’hésite pas à draguer les amateurs de Tyler The Creator (Night Crawling) et à s’entourer de jeunots qui pourraient largement être ses petits-enfants. Par exemple, la chanteuse Weyes Blood sur un Story Of Blood à vous glacer… le sang ! Clairement on n’est pas là pour rigoler. De quoi faire passer Leonard Cohen pour un joyeux luron. Entre ballades au piano à la gravité assumée et électro aventureuse et déstructurée qui peut évoquer le Scott Walker terminal ou le Alan Vega postapocalyptique, l’écoute demande persévérance et concentration, car il faut du temps pour que se révèle la sombre beauté de ces compositions, noires d’apparence mais renfermant de la lumière en leur sein.
Vous aurez saisi que l’on est plus proche ici de son terrifiant Music For A New Society que du rayonnant
Paris 1919,
deux facettes en apparence opposées d’un seul et même artiste qui nous a habitués depuis longtemps à ses sautes d’humeur musicales et radicales. John Cale en profite aussi pour placer un hommage à Nico (Moonstruck) en forme d’oraison funèbre.
Dans un monde (presque) parfait, cet album à la production très contemporaine qui ne reflète en aucun cas le troisième âge de son producteur pourrait trouver écho auprès de la génération actuelle. Un peu d’optimisme dans ce monde en pleine décomposition si lucidement conté ici ne peut pas faire de mal.