Et cette fois, Toulon se rassure ?
Le ton était grave et l’instant peu propice aux sourires, jeudi midi quand, en conférence de presse, Pierre Mignoni demandait à « parler rugby » après s’être installé au pupitre. Comme si les questions autour des doutes actuels, du classement ou du manque de confiance ne devaient pas empiéter sur l’unique priorité : le terrain.
« Les joueurs ne doivent pas se mettre de pression négative. Leur seul but doit être de ne pas décevoir les coéquipiers et le public. Il faut que les mecs se lâchent. »
Le public attend du caractère
Un discours devant la presse qui faisait suite aux quelques mots tenus en privé par les leaders, mardi après l’entraînement du matin, durant lequel certains patrons du vestiaire avaient haussé le ton, afin de demander à l’ensemble du groupe de « ne plus parler, mais de jouer ». Terminé le bien naïf “il reste beaucoup de matchs, et on n’est pas si
loin du top 6”.
Mais pourquoi une telle prise de conscience, quelques heures après une qualif européenne, et alors que le RCT, même s’il accuse un léger retard, a encore toutes ses chances de participer à la phase finale de Top 14 ? Simplement car si elle a permis de clôturer la campagne européenne
sur un sans-faute, la rencontre insipide face à Parme, a mis en lumière tous les doutes actuels, et servi d’électrochoc : malgré la qualification, comment ce RCT, composé d’étoiles à tous les étages, a pu ainsi balbutier son rugby, faire preuve de maladresse et manquer d’allant collectif, face à de bien malingres Zebre ?
Un blocage mental ? Probablement. Sauf que le temps n’est pas une liberté que les Toulonnais ont la possibilité de s’accorder. Alors face à Pau le RCT devra, sans même par- ler de l’indispensable victoire, faire preuve de caractère. Et se rassurer… avant qu’il ne soit trop tard ! « Ce match arrive après deux défaites [Bayonne et Brive], donc il faut d’abord regagner, devant notre public à Mayol, mais également avoir l’envie de faire un grand match, reprenait en ce sens Pierre Mignoni. Maintenant, il ne faut pas le dire, mais le faire. »
Arrêter de parler, de faire des promesses en l’air, mais agir. Ne plus être dans la réaction, mais « être proactifs », pour citer Ihaia West. Fin des paroles, début des actes ? C’est que s’impatiente à retrouver le public toulonnais qui, au-delà même des chances de qualification, attend de son équipe qu’elle joue avec le coeur.