Fatboy Slim HAPPY FACE AUX PLATINES
De passage à Cannes pour une performance aussi grasse et réjouissante qu’un fish and chips, l’Anglais aux multiples hits mondiaux s’épanouit comme jamais en tant que DJ, à l’aube des vingtcinq ans de la sortie de son album le plus célèbre.
Quelques minutes après l’avoir interrogé à Cannes, dans une loge du Palais des Festivals (échange courtois, sans chrono, mais sans permission de faire des photos), on l’a retrouvé aux platines pour la soirée de clôture du Midem+, en chemise tropicale et pieds nus dans un auditorium Louis-Lumière plus habitué aux noeuds pap’et aux robes cocktail. Les conventions, très peu pour Quentin Leo Cook. À 59 ans, le roi de Brighton a une bonne poignée de titres ayant marqué les esprits à son actif : Right Here, Right Now, The Rockafeller Skank, ou encore Praise You. Tous se trouvaient sur You’ve Come A Long Way, Baby, un album dont il fêtera les vingt ans en octobre prochain. En attendant, Fatboy Slim, fer de lance du big beat dans les années 1990, semble toujours s’éclater comme un lad en goguette au temps de l’acid house (il en arbore encore le logo, un smiley jaune, sur ses valises). Le gaillard étant un adepte du sampling, on vous livre le fruit de cet entretien en petits morceaux.
Indulgent avec ses premiers pas
L’artiste a la particularité d’avoir placé au moins un titre dans le top 40 britannique avec six identités différentes. Pour ses débuts, avec la formation indie rock The Housemartins, il avait atteint la première place des charts avec le single Caravan Of Love en 1986.
« Je pourrais évoquer cette expérience avec une métaphore sexuelle. Ton premier rapport, ce n’est pas nécessairement le meilleur de ta vie. Mais il est toujours très mémorable. Avec les Housemartins, on était des gamins qui regardaient Top Of The Pops chaque semaine. Et un jour, on s’est retrouvés dans cette émission. C’était une très belle époque, très excitante. Même si, musicalement, ce n’est pas la plus aboutie de ma carrière. »
Sampleur... plus sans reproche
Tout au long de son parcours, Fatboy Slim a abondamment samplé d’autres musiciens. Avec une roublardise visiblement très agréable. Mais ça, c’était avant...
« J’adore les samples, le processus qu’il y a derrière, les trouver, les manipuler... Mais ça devient très difficile, parce que les avocats font de ma vie un enfer à propos des droits. Les meilleurs samples que j’ai utilisés étaient si bien mêlés dans le mix que leurs auteurs ne l’ont jamais remarqué. C’était comme un jeu ! Maintenant, avec la technologie, c’est beaucoup plus simple de retrouver l’origine de chaque sample. »
Un nouveau disque ? Sans façon !
Fatboy Slim multiplie les projets, entre compilations, bandes originales et autres albums de remix. Son dernier long format studio (Palookaville), lui, remonte à 2004. Le suivant n’est pas près de voir le jour. « Tout ça ne m’excite plus vraiment, non. Pour faire un bon disque, vous devez avoir une passion absolue, une concentration totale. Je ne dis pas que je ne ferai plus jamais d’album. Mais aujourd’hui, je sens que ce qui me guide et m’anime, c’est d’être DJ. »
« Quatre orgasmes d’affilée »
Récemment, le Britannique a proposé une version remixée de You’ve Come A Long Way, Baby pour BBC Radio 6. « Cela a ravivé pas mal de souvenirs. Je crois que je peux dire que je m’éclatais bien à l’époque où j’avais fait cet album. Et je crois que ça s’entendait. » On lui demande de préciser son propos. Retour de la métaphore « gaudriolesque ». « C’est sans doute le meilleur coup de ma vie ! Quatre ou cinq orgasmes à la suite si tu compares ça au nombre de hits. »
À deux doigts de collaborer avec Myd
Myd, le Français du label Ed Banger, qui a percé grâce au titre The Sun, est un grand fan de Fatboy, depuis son adolescence. « Il a joué à mon festival en novembre. On discute, oui. J’adore vraiment ce qu’il fait. Cela ne veut pas toujours dire que c’est une bonne idée de travailler ensemble. Mais on pourrait dire qu’on est dans une sorte de flirt, comme au début d’une relation. On n’est pas encore allé au lit ensemble. »
La claque Fred Again Celui qui nous assure passer
« une grande partie de la semaine à écouter toutes les nouveautés qu’on m’envoie, ne serait-ce que dix secondes », a été bluffé par un compatriote DJ de 30 ans, Fred Again. « Je l’ai vu l’an dernier au festival Coachella. Et j’avais envie d’abandonner ! Je me suis senti bien vieux, parce que ce gamin était vraiment meilleur que moi. J’aime la manière dont il gère sa carrière, les collaborations qu’il faites. »