Monaco-Matin

« L’Opéra est une famille que je veux continuer à soigner en lui apportant une nouvelle vision »

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Vous voici aux commandes depuis un mois de l’Opéra de Monte-Carlo, quel état d’esprit vous anime ?

Un enthousias­me total ! L’envie de donner toute mon énergie, toute ma passion. L’Opéra de MonteCarlo est une famille que JeanLouis Grinda a construit et je veux continuer à la soigner, à la nourrir en lui apportant une nouvelle vision. Je crois que c’est le rôle d’un directeur. Je connais bien cette maison pour y avoir chanté plusieurs fois. C’est une chose de connaître la maison comme artiste. Être là comme directrice, c’est différent.

En 2020, vous disiez en évoquant ce rôle de directrice, que vous n’auriez pas « le droit à l’erreur ». Cette pression est toujours là ?

Nous sommes des êtres humains, c’est normal que l’on puisse faire des erreurs. Et, en même temps, c’est important de se fixer un défi. Le spectacle, c’est du live ,onne sait jamais ce qui peut arriver. J’ai l’envie de bien faire et cela peut arriver de faire des erreurs. L’important est d’apprendre de ses erreurs. En italien, on dit qu’une erreur est humaine, mais si elle continue, elle devient diabolique (rires).

Le succès d’Alcina, votre première production, vous a rassuré ?

Pour l’instant, c’est vrai, nous sommes bien partis avec un grand succès pour les premiers spectacles. Et toute la saison est complète jusqu’à la fin avril. Ce qui veut dire qu’il y a un public intéressé, qui aime bien découvrir les artistes qui vont se produire pour la première fois à Monaco. Et je compte continuer sur cette idée d’inviter à Monte-Carlo des artistes qui ne sont jamais venus.

Ils pourront ainsi découvrir cette Salle Garnier qui est si particuliè­re…

Ah ce théâtre ! Il est tellement génial ! L’intimité que l’on arrive à créer à la Salle Garnier, on ne peut la créer nulle part ailleurs. Sur cette scène, on peut vraiment se plonger dans le personnage et proposer toutes les couleurs de la voix, du pianissimo au fortissimo. L’acoustique permet de faire ce pianissimo presque susurré comme il est écrit parfois dans une partition. Ce qui est impossible, par exemple à l’Opéra Bastille ou au Metropolit­an de New York, où il faut faire des compromis. À la Salle Garnier, non. Les artistes et le public ont cette chance ici.

Vous vous souvenez de votre

émotion quand vous avez joué ici pour la première fois ?

Mais bien sûr ! Très bien ! C’était pour Le Barbier de Séville avec un casting tellement exceptionn­el. J’ai eu la chance de chanter avec Fedora Barbieri, la grande mezzo italienne qui avait chanté avec la Callas, avec Gabriel Bacquier qui était Bartolo. C’était en 1989, j’avais 23/24 ans, j’étais toute jeune, c’est un souvenir magnifique. Et jamais je n’aurais pu imaginer, à cette époque-là, devenir un jour directrice de cet opéra. Ça, c’est la vie…

Dans le programme de votre première saison, la princesse de Hanovre, qui préside le conseil d’administra­tion de l’Opéra, a des mots très chaleureux à votre égard, évoquant une ère nouvelle qui s’ouvre sous votre direction…

C’est adorable de sa part, mais aussi du prince Albert II qui adore la musique. Je l’ai découvert lorsque nous avons créé cet orchestre des Musiciens du Prince en 2016. Mon idée, peut être un peu folle, était de faire comme au XVIIIe siècle, où chaque royaume avait son orchestre, en proposant que la Principaut­é ait un orchestre avec des instrument­s d’époque. Je ne savais pas si ça intéresser­ait la famille princière. Mais le souverain et la princesse de Hanovre, ont pensé que c’était une bonne idée et nous soutiennen­t depuis ce jour avec Gianluca Capuano qui est le chef principal des Musiciens du Prince. Nous avons fait beaucoup de tournées en Europe qui ont eu un grand succès. Et à chaque fois, le nom de Monaco voyage avec nous. Nous sommes un peu des ambassadeu­rs de la Principaut­é.

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