Monaco-Matin

« Ce violent coup de mer nous donne raison »

Les gérants des plages privées ont, ensemble, pansé les plaies provoquées par la tempête du 18 janvier. Un coup dur qui réveille le serpent de mer : la sécurisati­on de la

- Baie de Garavan. GAELLE BELDA gbelda@nicematin.fr

Ils ont ressorti l’huile de coude. Comme ils le font à chaque coup de mer, finalement. Mais celui-ci a quand même été particuliè­rement violent. Les patrons-gérants des plages privées de la baie de Garavan sont tous d’accord pour le dire. Du coup, sortir les pelles, les sacs-poubelles et s’activer sur le teck à deux ou trois, ça n’aurait pas suffi. Pour avancer, ils se sont fédérés.

Planche après planche et plage après plage, les Mentonnais ont travaillé main dans la main pour tout dégager. Nettoyer, désensable­r et remettre en état les restaurant­s. Avec en ligne de mire : un week-end chargé en réservatio­ns… mais, surtout, la Fête du citron.

« Nous sommes soudés tout au long de l’année », souffle Rocco Loisi, de La Cabane. Puis il enchaîne : « Mais avec ce que l’on traverse, cette solidarité était importante et essentiell­e. Elle nous a permis de limiter les frais et de ne pas perdre d’argent en rouvrant trois jours après la tempête. »

Cette nouvelle DSP qui fait mal

Il fait référence à la nouvelle délégation de service publique (DSP) dont le cahier des charges les contraint à renoncer à exploiter leurs plages après le 31 août 2023. L’investisse­ment exigé par l’État – estimé entre 550 000 et 750 000 euros par les principaux intéressés

–, est trop important pour qu’ils soient candidats à la reprise de leur lot. Ils s’étaient justement mobilisés, quelques jours avant le coup de mer, pour dire qu’ils renonçaien­t à candidater si rien n’évolue avant le 23 mars, date limite de remise des dossiers. (Lire Nice-Matin du 16 janvier 2023)

Un coup de mer le 18 janvier, donc… un second coup de massue, en somme… Quoi que… «Il est venu confirmer que ce que nous

demandions était légitime ! Parce qu’avant même d’imaginer détruire l’existant pour installer des blocs en verre, qui seront brisés au premier petit coup de mer, il faut protéger cette baie », martèle Michèle Leoni, de Da’Mitchou et présidente de l’Ebarf (Syndicat des Établissem­ents Balnéaires de la Riviera Française et représenta­nts des Usagers)

Attablé sur la terrasse de La Pergola, Jean-Paul Beziat, ancien ingénieur constructi­on, l’a dit et répété : « Ce phénomène hydromécan­ique pourrait être atténué, voire supprimé, si l’on approfondi­ssait les fonds marins. En désensabla­nt, à l’intérieur de la baie, nous éliminerio­ns ces grands déferlemen­ts d’eau. »

Ils parlent d’effet de « surf » provoqué par la conjugaiso­n du vent et de la houle. C’est là-dessus que plagistes et usagers souhaitent que l’État se penche enfin. Pas sur l’esthétique des onze lots, qui avaient déjà été retravaill­és, à grands frais – les patrons-gérants parlent de douze millions d’euros –, selon la DSP de 2006.

Parés pour la fête

En attendant, peut-être, la réouvertur­e de nouvelles discussion­s, neuf plages sur onze, ont lustré leur parquet pour la Fête du citron. « Il fallait que l’on soit prêt pour le 11 février. Nous avons du passage… des cafés, des limonades. Des choses simples mais les gens ont plaisir à venir passer un moment sur nos plages », explique Rocco Loisi. Fernando Usaï, de la Pergola rit : « Souvent, on sert un café et on a quinze personnes qui font la queue pour utiliser nos toilettes ! Mais c’est le jeu… On est là pour ça aussi. Pour l’accueil des visiteurs, pour qu’ils apprécient la sortie. »

Une routine qu’ils assurent depuis de longues années… Rocco Loisi sourit : « On a même acheté les teeshirts à l’effigie de John Lemon, pour être dans le ton. On a aussi craqué pour des NFT que l’on aimerait voir se promener sur le toit de nos plages, une fois la nuit tombée. » Bref, les tempêtes n’ont aucune prise sur eux. Sauf, peut-être, celle de la DSP… à moins que les prévisions soient faussées et qu’elle n’ait finalement pas lieu.

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(Photos Jean-François Ottonello) Avant - Après : les plages retrouvent leur vue et leur confort.

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