Exemples concrets
Le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Franck Riester, l’a concédé il y a une semaine au micro de BFMTV : «Si vous reportez l’âge légal, les femmes sont évidemment un peu pénalisées. »
Si la majorité présidentielle défend une réforme globalement « juste », qu’en est-il en pratique ? Révélée le 23 janvier, l’étude d’impact réalisée par le gouvernement confirme, par les chiffres, le creusement des inégalités entre les femmes et les hommes. Des écarts plus ou moins grands en fonction du profil et de l’âge des personnes concernées...
Pour une femme de 43 ans, mère de deux enfants
Pour cette génération, l’inégalité est flagrante. Ainsi, les femmes nées en 1980 devront travailler huit mois de plus, contre quatre pour les hommes. Pour celles qui ont des enfants, l’« avantage familial » sera complètement gommé par la réforme. En effet, à raison de huit trimestres acquis par enfant, celles-ci peuvent cumuler des annuités plus rapidement et, donc, partir plus tôt à la retraite. Un avantage emporté, de facto, par le recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans.
Pour une femme de 50 ans, avec enfants, entrée dans la vie active après 20 ans
« Les femmes bénéficieront par ailleurs des mesures générales d’accompagnement : le maintien de l’âge d’annulation de la décote à 67 ans » , affirme l’étude d’impact sur ce projet de loi. Rien de nouveau de ce côtélà, puisque la retraite à taux plein automatique à 67 ans avait été instaurée par la réforme de 2010.
Pour contrer les critiques, le gouvernement a également souligné une meilleure prise en charge des périodes de congés parentaux, comptabilisées dans la limite de 4 trimestres, qui « permettra chaque année à plus de 2000 femmes de partir jusqu’à 1 an plus tôt ». Mais, nuance importante : celleci ne concerne que les carrières longues, autrement dit les femmes qui ont commencé à travailler avant l’âge de 20 ans. Enfin, pour les femmes nées dans les années 70, l’âge moyen de départ va augmenter de neuf mois, contre cinq pour les hommes.
Pour une femme de 60 ans, sans enfant, qui a démarré après ses 20 ans
Pour les femmes de la génération 1962, les inégalités demeurent, même si plus effacées. Celles-ci devront travailler deux mois supplémentaires, contre un mois pour les hommes du même âge. Toutefois,
pour les femmes qui n’ont pas d’enfant et qui ont démarré leur vie professionnelle tardivement en raison de leurs études, pas de changement majeur. Le principe de la retraite à taux plein à 67 ans demeure.
Le gouvernement reconnaît que les femmes sont perdantes en termes de durée de travail, mais argue une revalorisation des pensions, qui sera effectivement favorable aux femmes.
En effet, pour les générations 1962, 1966 et 1972, les pensions devraient respectivement augmenter de 0,7 %, 1 % et 2,2 %, contre 0 %, 0,2 % et 0,9 % pour les hommes.
Mais en y regardant de plus près, les calculs se basant sur les 25 meilleures années et les salariés étant mieux payés en fin de carrière, il ne s’agit là que d’un effet mécanique du recul de l’âge de départ à la retraite.