Monaco-Matin

« Que les gens n’oublient pas ce qu’il s’est passé »

Le procès de l’homme qui a tué le jeune Kévin Ribal de deux coups de couteau en octobre 2018 au pied des Marches de Cannes débute lundi. Les parents de la victime espèrent des réponses.

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

En fond d’écran de leurs téléphones, une photo de Kévin et de son frère, rayonnants. Cruel rappel d’une époque heureuse, avant que la vie de Joëlle et Franck Ribal ne vole en éclats, le 28 octobre 2018.

Cette nuit-là, Kévin, leur fils cadet de 23 ans, passe la soirée avec des amis au KA, la boîte de nuit du Palais des Festivals, devenue depuis le Bisous Bisous.

En sortant de l’établissem­ent au petit matin, le jeune homme est poignardé à deux reprises, au pied du Palais des Festivals, où il travaillai­t au service logistique depuis plusieurs mois.

Son agresseur, un Niçois de 26 ans, sera interpellé quelques jours plus tard alors qu’il tentait de prendre la fuite vers l’Italie. Déjà connu de la justice, l’homme est, depuis, incarcéré en attendant le début du procès – qui devrait durer 4 à 5 jours – lundi 6 février.

Un procès espéré et redouté

« Il a changé de version, dit qu’il était saoul, puis qu’il s’était trompé… On ignore toujours ce qu’il s’est passé, pourquoi notre fils est mort. Deux de ses complices, dont celui qui a fourni l’arme, ont été arrêtés et remis en liberté avec

un bracelet électroniq­ue. » Insupporta­ble pour Joëlle et Franck. « Eux, ils vivent, profitent de leur famille, sont libres. » Depuis le drame, le couple tente de reprendre pied. « On est obligés d’avancer pour notre autre fils. Les deux grands-mères de Kévin sont

décédées l’an dernier, le choc émotionnel et le chagrin ont été terribles pour elles aussi. »

Les parents endeuillés appréhende­nt la semaine à venir. Redoutent de voir le meurtrier de leur fils. De découvrir les images de vidéosurve­illance qui pourraient

aider à retracer le scénario de la soirée. S’inquiètent que l’on tente de salir leur enfant : « Un gentil, sportif, pas du tout bagarreur. » Ce procès, c’est aussi pour eux l’occasion d’honorer la mémoire de Kévin. « Que les gens n’oublient pas ce qu’il s’est passé. »

La mobilisati­on lors de la marche organisée après son décès et les dons récoltés pour financer une partie des frais d’avocats sont autant de témoignage­s de l’aura du jeune homme. Fou de foot depuis son plus jeune âge, il avait joué dans de nombreux clubs du départemen­t, où il faisait l’unanimité.

Pas de reconstitu­tion pour cause de Covid

La crise sanitaire a considérab­lement allongé le délai d’attente jusqu’au procès : « On nous avait prévenus, dit qu’il faudrait attendre au moins trois ans, ça fait maintenant plus de quatre. Il n’y a pas eu de reconstitu­tion, à notre connaissan­ce, sûrement à cause du Covid. » Joëlle et Franck espèrent des réponses. « On veut comprendre pourquoi, même si ça ne changera plus rien maintenant. On veut aussi que les trois mis en cause prennent le maximum pour commencer à se reconstrui­re. On ne peut pas pardonner. Rien ne peut nous soulager. Le manque est terrible. Aux fêtes des pères, des mères, aux anniversai­res. On se dit encore que c’est un cauchemar et qu’on va se réveiller. »

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Joëlle et Franck, les parents de Kévin, souhaitent la peine maximale pour le meurtrier de leur fils et ses complices.
(Photo Dylan Meiffret) Joëlle et Franck, les parents de Kévin, souhaitent la peine maximale pour le meurtrier de leur fils et ses complices.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco