Monaco-Matin

Dessine-moi une planète

- De GUILLAUME AUBERTIN Rédacteur en chef adjoint edito@nicematin.fr

Un jeune sur six pense que la Terre est plate. C’est l’absurde constat révélé dernièreme­nt par une enquête de l’Ifop. Autrement dit, presque quatre élèves par classe feraient passer Pythagore et Aristote pour de vieux sorciers détraqués. De quoi donner des haut-le-coeur à toute la communauté scientifiq­ue, scandalisé­e de voir des siècles de recherches bousculés par une poignée de complotist­es bonimenteu­rs qui ont pignon sur web. On serait évidemment tenté de blâmer et de remettre sur le droit chemin tous ces ados biberonnés aux chaînes YouTube, asservis par des influenceu­rs aux idées pour le moins hasardeuse­s. Mais abordons le sujet sous une approche plus pédagogiqu­e, plus ouverte. Soit une planète - appelons-la Terre - aplatie comme une bonne vieille cade toulonnais­e. Après tout, le planisphèr­e

fait toujours office de référence pour ceux qui n’ont pas la 3 D ou n’ont jamais croisé de globe de leur vie. Reste à délimiter cette Terre plate qui n’a donc pour limites que des océans. Un peu comme dans le célèbre jeu de société Risk, qui réussit à faire rentrer ladite planète dans un simple rectangle en carton. Et pourquoi pas, enfin, placer quelques dictateurs aux confins de chaque continent et des manchots lourdement armés dans les pôles afin de veiller à la sécurité ? C’est aux jeunes d’aujourd’hui d’imaginer le monde de demain. Or, la rêverie et l’innocence ont toujours guidé le monde de l’enfance. Seul en rade sur sa planète garnie de baobabs, le Petit Prince demande bien qu’on lui dessine un mouton sur-mesure. Parce qu’il réfléchit avec son coeur, et non pas avec son cerveau. Les ados préfèrent voir une Terre plate ? Laissons-les faire leur expérience, et tourner en rond jusqu’à ce qu’ils trouvent leur voie. Jadis, les enfants rêvaient de devenir astronaute, pompier ou même funambule, pour pouvoir prendre de la hauteur. Aujourd’hui, ils veulent plutôt se lancer dans une carrière d’influenceu­r et devenir riches. Quitte donc, à remettre en cause ce qu’on leur apprend à l’école. Bref, on marche un peu sur la tête. De toute façon, le monde ne tourne pas vraiment rond.

« Quatre élèves par classe feraient passer Pythagore et Aristote pour de vieux sorciers détraqués »

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