Ukraine : des avions après l’artillerie et les chars ?
Si Washington rechigne à envoyer des chasseurs américains, certains pays européens envisagent de franchir le pas pour renforcer la capacité de défense de Kiev.
Après avoir opposé lundi à un refus catégorique à l’idée d’envoyer à l’Ukraine des avions de combat américains F-16, le Président Joe Biden a déclaré hier qu’il « allait parler » à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de ses demandes pressantes en avions de combat et missiles à longue portée. La position américaine évoluera-t-elle ? Les lignes rouges fixées par les alliés, par crainte de l’escalade avec Moscou, ont sauté les unes après les autres au fil du conflit : réticents au départ, les États-Unis ont fini par promettre à Kiev leur très performant système de défense anti-aérienne Patriot, et tout récemment des chars, comme plusieurs pays européens. Sans susciter de surenchère militaire de la part de Moscou.
Pour le Président Emmanuel Macron, « rien n’est exclu »
« Pour chaque première demande, il faut lutter contre le NON d’abord. Ça veut dire non en l’état d’aujourd’hui. Je vous rappelle qu’avec le char allemand Leopard, c’était non d’abord, et maintenant, nous avons une coalition de chars », a relativisé hier à Paris le ministre ukrainien de la défense, Oleksiï Reznikov.
Tout comme livrer des chars lourds à Kiev, fournir des avions de chasse ne contribuerait pas à une éventuelle escalade, estime Olivier Schmitt, chercheur au Center for War Studies (SDU), au Danemark : «La livraison d’avions de combat de type F-16, qui permettraient à Kiev de conduire une campagne aéroterrestre encore plus performante, ne constituerait pas non plus une rupture symbolique caractérisant une escalade puisque ce type de combat aéroterrestre est typique des opérations militaires modernes ». La fourniture d’avions de combats à l’Ukraine promet ainsi de continuer à faire débat. Berlin l’a exclu. Hier, Varsovie a affirmé ne mener « aucune discussion officielle » sur le transfert de F16 à l’Ukraine, tandis que
Londres ne compte pas fournir d’exemplaires de Typhoon ou de F-35 dont il dispose. Ces appareils « sont extrêmement sophistiqués, ça prend des mois pour apprendre à les piloter. Il n’est pas pragmatique d’envoyer ces avions en Ukraine », a commenté le porte-parole du Premier ministre britannique. Le Président français Emmanuel Macron assure lui que « rien n’est exclu », mais que les Ukrainiens « ne font pas cette demande aujourd’hui » à Paris. D’autres se disent prêts à le faire, dont la Slovaquie, qui pourrait céder des Mig-29 soviétiques, ou encore les Pays-Bas, qui ont entamé le remplacement par des F-35 de leur flotte de F-16, l’avion de chasse réclamé par le Président Zelensky.