Monaco-Matin

Guillaume Canet « ASTÉRIX, C’EST LE DÉCALAGE ! »

L’acteur et réalisateu­r emmène Astérix et Obélix en Chine, au coeur de l’Empire du Milieu. Un voyage drôle et mouvementé, taillé pour amuser un large public.

- CÉDRIC COPPOLA magazine@nicematin.fr

Pour la cinquième fois, le célèbre duo d’irréductib­les Gaulois est porté à l’écran. Guillaume Canet cumule : il est derrière et devant la caméra, interpréta­nt un Astérix vegan et fragile. Autour, un casting cinq étoiles – de Marion Cotillard en Cléopâtre à Vincent Cassel en César, en passant par Gilles Lellouche en Obélix ou les caméos de Philippe Katerine ou Zlatan Ibrahimovi­c, sans oublier Jérôme Commandeur et Jonathan Cohen.

Porter à l’écran Astérix, cela évoque des souvenirs ?

Oui, ceux de mon enfance, lorsque je lisais les bandes dessinées de mon père. Je me suis replongé avec bonheur dans ces années-là. C’était également l’occasion de réaliser un film que je pouvais montrer à mes enfants et de partager des moments avec eux, qu’ils me voient sur le plateau de tournage, au travail, sur un projet qui leur parle. Je voulais aussi que ma fille de 5 ans puisse s’identifier à un personnage et il était donc primordial que les rôles féminins soient présents, développés et puissent faire rêver.

Le film n’est pas adapté d’un album particulie­r et transporte

les célèbres Gaulois en Chine. Une destinatio­n que vous avez personnell­ement choisie ?

Ce n’est pas de mon ressort. On m’a fait lire vingt pages et le film s’appelait alors La Route de la soie. Il y avait déjà ce voyage. J’ai ensuite adapté cette histoire.

On retrouve à travers la relation d’Astérix et Obélix, la notion d’amitié, déjà présente dans votre cinéma dans Une thématique que vous appréciez particuliè­rement ?

Mouchoirs.

Les Petits

L’amitié fait partie de la BD de Goscinny et Uderzo. L’idée était de replacer le duo au centre de l’histoire parce qu’il n’était pas à mon sens suffisamme­nt mis en valeur dans beaucoup de films de la licence. C’était donc une manière de se différenci­er mais aussi de faire un western, un film d’aventure à grand spectacle, avec des effets spéciaux, des scènes épiques…

Endosser le costume d’Astérix s’est imposé comme une évidence ?

Mon idée de départ était d’interpréte­r Jules César mais je me suis rendu compte que ça allait être trop proche de ce que j’avais fait dans Rock’n Roll .Du coup j’ai laissé tomber cette idée et Vincent Cassel qui est vraiment parfait, s’est emparé du rôle. Tout s’est débloqué lorsque j’ai proposé à Gilles Lellouche de faire Obélix, il m’a dit être partant à la condition que je sois Astérix. Et comme Jérôme Seydoux, le patron de Pathé, m’a aussi encouragé à aller dans ce sens, ça a fini par se concrétise­r.

Vous montrez également un Astérix différent, qui tombe amoureux et accro à sa potion magique…

L’idée était de s’intéresser à un moment de sa vie où il se pose des questions. Il se demande pourquoi il est faible, pourquoi il est dépendant de sa gourde… Je pense qu’à l’heure actuelle, au sein de la société actuelle, beaucoup d’hommes se remettent en cause.

Réaliser un film grand spectacle était l’occasion de relever un nouveau challenge ?

Effectivem­ent. J’aime sortir de ma zone de confort, avoir un peu peur. Sur L’Empire du Milieu ,je savais que j’allais apprendre à réaliser ce type de grosses production­s. En tant que metteur en scène, c’était intéressan­t.

Il fallait veiller à ne pas sacrifier l’humain, l’émotion ?

La direction d’acteur et la narration ont toujours été essentiell­es dans mon cinéma. Je n’avais pas envie de me concentrer uniquement sur la forme. Il fallait que le fond touche le public.

Comment avez-vous préparé l’interventi­on des nombreux guests. Des partitions taillées sur mesure ?

Je ne voulais pas que ces apparition­s soient gratuites. Tous devaient avoir un petit quelque chose à jouer. Lorsque j’ai obtenu les accords, j’ai développé des petits traits de caractère, en insérant quelques clins d’oeil dans les dialogues comme celui que je fais aux chansons d’Angèle, qui interprète Falbala. La présence de Zlatan Ibrahimovi­c ? Ça me faisait marrer que ce personnage très sûr de lui se blesse à la fin du combat et demande un changement. C’était encore plus dingue qu’il accepte ! Mais cela l’a amusé. Il a eu le recul nécessaire et a fait preuve d’autodérisi­on.

On sent aussi une envie de retrouver l’esprit du

Cléopâtre d’Alain Chabat….

Oui mais l’esprit d’Alain Chabat c’est aussi le cinéma qu’on aime tous ! Celui des frères Zucker, d’Abrahams, des Monty Pythons… C’est le décalage ! Et il existait déjà dans le langage de René Goscinny. Il avait ce don de placer la modernité au sein d’un village gaulois.

Astérix et C’était aussi pour vous l’occasion d’aller vers la comédie, un genre où on vous voit finalement assez rarement ?

« C’était l’occasion de réaliser un film que je pouvais montrer à mes enfants »

J’ai pris beaucoup de plaisir dans mon premier film Mon idole puis dans Rock’n Roll à toucher ce registre, que j’ai toujours apprécié. L’Empire du Milieu m’a permis d’assumer davantage cette envie. La comédie exige un rythme soutenu. Que ce soit dans la manière de filmer ou dans la direction d’acteurs, il faut veiller à l’efficacité.

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