François Berléand « JE JOUERAI JUSQU’À LA FIN »
À l’affiche de 88 fois l’infini ce 1er février à Fréjus, les 2 et 3 à Antibes et le 6 avril à Monaco, François Berléand joue avec Niels Arestrup, à guichets fermés, ce huis clos plein de fiel...
Avec plus d’une quarantaine de pièces et cent-vingt films à son actif depuis 1973, François Berléand a joué moult partitions. César du meilleur second rôle en 2000 dans Ma petite entreprise de Pierre Jolivet, il a tenu en 2002 le premier rôle dans Mon idole, de Guillaume Canet et marqué les esprits dans Les Choristes en 2004. Depuis, l’auteur du Fils de l’homme invisible, son autobiographie, a vu son statut changer et, à 70 ans, ce comédien attachant est plus que jamais dans la lumière...
Qu’évoque ce titre, 88 fois l’infini ?
Les 88 touches d’un piano et la possibilité infinie de composer des mélodies, ou d’en faire des variations. Cela renvoie au personnage incarné par Niels Arestrup, un grand compositeur. Je campe de mon côté un relieur de livres qui n’est autre que son demi-frère. Ces deux-là ne se sont pas revus depuis la mort de leur père, treize ans avant. On découvre ce qui les unit et les sépare, notamment par le prisme d’une valise qui s’avère être une véritable boîte de Pandore.
C’est cela qui vous a intéressé ?
Oui, c’est une pièce adaptée du livre d’Isabelle Le Nouvel qui parle beaucoup des rapports familiaux. Tout le monde peut se reconnaître. Ayant moi-même un frère, j’ai été très ému lorsque j’ai lu le texte. Il y a cette idée que l’on résout peut-être à la fin de sa vie certains problèmes. Et qu’il faut avoir une sacrée dose de sagesse pour pardonner.
Jouer avec Niels Arestrup, c’est une première ?
Je rêvais depuis longtemps de jouer avec cet immense comédien ! On a transposé dans notre vie le conflit qu’il y avait sur scène. Il est aussi mutique que je suis bavard, enclin à plaisanter et à déguster la vie. Mais la tournée, très agréable, l’a sorti peu à peu de sa réserve.
Ce n’est pas la première fois, en revanche, que vous venez chez nous...
Je connais cette région depuis l’enfance ! Mes grands-parents passaient leurs hivers à Nice, je les rejoignais un Noël sur deux, de l’âge de 7 à 14 ans. J’étais fasciné par cette ville, qui à l’époque était une ville de très très vieux... Les choses ont bien bougé depuis, on ne voit à présent plus que des jeunes faisant du roller sur la Promenade des Anglais. Et je suis lié à Antibes au travers d’Anthéa et de Daniel Benoin, avec qui j’ai fait mes débuts en 1972... dans un spectacle à Ispahan !
Votre carrière, c’est au nonapprentissage du piano que vous la devez ?
Étant dyslexique, je m’interdisais à moi-même de comprendre quoi que ce soit au solfège. Mais je m’arrangeais avec les notes après avoir écouté le morceau, j’avais une bonne oreille. Ma professeure de piano a organisé une audition devant son mari, qui enseignait au conservatoire national. J’avais surtout un talent pour jouer autre chose que ce qui était écrit, comme du Albéniz ou du Chopin à ma sauce, prétendument espagnole ! Il était cependant prêt à me ‘‘prendre’’. C’est là qu’une petite voix m’a dit que ce n’était pas ma voie, justement...
De par votre milieu familial, vous étiez très sensible à la musique, cependant ?
C’est ce qu’il y a de plus beau pour moi. Mes parents m’emmenaient au théâtre, à l’opéra, au musée, j’étais fasciné par tout ce qui était artistique. Mais ce qui est étrange, c’est que j’ai appris bien après avoir choisi d’être acteur que j’avais un grand-père paternel metteur en scène de théâtre, que ma babouchka, nous étions russes, avait été actrice... Et que du côté de ma mère, j’avais eu un aïeul chef d’orchestre. C’était un combat perpétuel entre la musique et le théâtre, dans ma famille !
« C’était un combat perpétuel entre la musique et le théâtre, dans ma famille ! »
Et pendant que Monsieur est sur les planches, Madame [Alexia Stresi ndlr] écrit ?
Et elle écrit vraiment très bien ! Son premier livre, Looping, paru en 2017 chez Stock, avait déjà été sélectionné pour le prix Goncourt du premier roman. Cette fois, avec Des lendemains qui chantent, publié chez Flammarion, elle est en lice pour le Prix des romancières. C’est une fresque magistrale qui nous entraîne dans le Paris des années trente, dans les coulisses de l’opéra, autour d’un jeune ténor, dont on suivra l’épopée. Très impressionnant. 88 fois l’infini, avec Niels Arestrup et François Berléand.
> Mercredi 1er février, à 20 h 30. Le Forum, à Fréjus. Tarifs : de 22 à 45 euros. www.theatreleforum.fr
> Jeudi 2 février à 20 h et vendredi 3 février à 20 h 30. Théâtre Anthéa, à Antibes. Tarifs : de 28 à 67 euros. www.anthea-antibes.fr
> Jeudi 6 avril. Théâtre Princesse Grace, à Monaco. Complet.