Il a démasqué le Masque de fer… et même plus !
Christophe Roustan Delatour, adjoint aux musées de Cannes, sort un livre-enquête reprenant tous les documents et proposant une piste très sérieuse. Révélations à la clé.
Son corps sans vie a été retrouvé le 19 novembre 1703 dans l’une des cellules de la Bastille. Visage masqué. Identité cachée. Passé énigmatique. Près de 320 ans plus tard, l’histoire du Masque de fer reste mystérieuse.
Entouré de précautions extraordinaires, on l’avait longtemps gardé aux confins du royaume, caché dans le Piémont italien, puis à Sainte-Marguerite. Notre île, au large de Cannes, où fut construite, exprès pour lui, la plus sûre des prisons d’Europe.
Trois siècles d’enquête ont permis de découvrir son identité : Eustache Dauger. Un nom sur lequel Christophe Roustan Delatour, directeur adjoint des musées de Cannes et qui vient de publier Le Masque de fer, un secret d’État révélé, ne revient plus. Les 52 autres pistes (dont Molière, le frère jumeau de Louis XIV, une femme noire, d’Artagnan, etc.) n’ont, pour lui, plus lieu d’être.
En revanche, on n’a toujours pas répondu aux questions : qui était cet homme ? Qu’avait-il fait pour mériter un tel châtiment ? Espion, traître, témoin gênant… ? Pourquoi ne l’a-t-on pas simplement supprimé ? Christophe Roustan-Delatour travaille depuis des années sur ces questions. Il s’interroge sur chaque élément de l’histoire, collecte des indices, interprète. Et, pour tout vous dire : oui, il a une théorie.
Vous avez participé à l’émission de Stéphane Bern sur le Masque de fer, diffusé le 18 janvier. Un vrai succès !
Secrets d’histoire 2,1 millions de téléspectateurs. 10, 8 % de parts d’audience. Le sujet passionne depuis toujours…
Pour le coup, vous, vous ne faites aucun mystère sur l’identité
de l’homme au masque de fer : il s’appelle Eustache Dauger…
Oui. Et je le dis dès le début de l’ouvrage. Car, pour moi, il n’y a pas de doute ; c’est mon point de départ. Le livre se lit en trois parties : - La chronologie des événements depuis l’arrestation du prisonnier jusqu’à sa mort.
- L’interprétation des événements traitée par thématiques : la prison, le masque, etc.
- Et en trois, je propose au lecteur de plonger avec moi, telle Alice dans le terrier, dans le scénario de mon intime conviction.
Je n’ai pas les preuves superfétatoires, j’ai 400 sources et une douzaine de coïncidences. Je propose une narration et chacun se fera son idée.
Vous avez écrit ce livre à la manière d’une enquête policière…
Disons que j’ai écrit le livre que j’aurais aimé lire. Et, surtout, je me suis imaginé juré à un procès. Avec la nécessité d’étudier toutes les preuves et pistes.
Vous annoncez 45 révélations, grandes ou petites…
Oui. Des nouvelles preuves.
L’une d’entre elles concerne le masque…
Oui. On s’est longtemps demandé si le masque de Langres était le bon. J’ai eu la chance de le voir, de le prendre en main dans le cadre de l’exposition que nous avions réalisée au Musée de la mer. Ce masque n’avait jamais été considéré comme un indice bien sérieux. Or j’ai découvert des éléments de cohésion entre le geôlier – Saint-Mars – et le masque : il habitait Langres, tout simplement.
Pourrait-on aller plus loin dans la recherche de preuves, en faisant appel à la science, par exemple ?
Bien sûr, mais pour le moment personne ne l’a fait à cause des coûts que cela génère.
Vous posez aussi la question du lien avec Louis XIV. Est-ce que, par exemple, il y aurait
possibilité de comparer les ADN de Dauger et du roi ?
Concernant le prisonnier, il a été enterré dans un cimetière parisien dont toutes les dépouilles ont été transférées dans les catacombes… Mais sans doute qu’on pourrait aller plus loin, oui.
Et donc ce lien avec Louis XIV…
À un moment donné, on se pose la question de « A qui profite le crime ? » Et c’est au Roi qu’il profite. En effet, le prisonnier semblait être une vraie menace pour le roi. Entre autres parce qu’il pouvait peut-être remettre en question les circonstances de sa naissance… On se demande, par exemple, si Louis XIV et Dauger n’étaient pas demi-frères. Ils auraient eu le même père.
Une suite qui se profile ?
J’aimerais beaucoup écrire sur Saint-Mars, le geôlier du Masque de fer, qui était également un personnage exceptionnel. Et oui, bien sûr, il y aurait des pistes à creuser sur le roi…
Enfin, c’est Lorànt Deutsch qui a préfacé votre ouvrage ?
Oui, et j’en suis très heureux, car c’est quelqu’un qui tient à la transmission. Et il a pris la peine de se rendre sur place à Sainte-Marguerite.