Monaco-Matin

Quel sera le taux de participat­ion dimanche ?

En meeting, les candidats des listes Union et NIM ont tous insisté : « Allez voter ! ». En 2018, ces soirées avaient plus rassemblé et plus de 70 % des électeurs s’étaient rendus aux urnes.

- JOËLLE DEVIRAS jdeviras@nicematin.fr

La consultati­on des électeurs se limite aux élections nationales tous les cinq ans et aux communales tous les quatre ans. Alors à Monaco, la tradition d’aller voter en famille est un temps fort de la vie publique.

Ils étaient 7 245 en 2018. Ils seront 7 596 dimanche… Le nombre des électeurs est peut-être en augmentati­on mais une question se pose dans les coulisses de la campagne : quel sera le taux de participat­ion dimanche aux élections nationales ? En 2018, il était de 70,35 %, déjà en recul par rapport à 2013 qui affichait 74,55 % votants.

Or, cette année, il faut bien l’admettre : cette campagne singulière peine à mobiliser l’intérêt des Monégasque­s.

Des meetings moins fréquentés

À titre de comparaiso­n : en 2018, 780 personnes assistaien­t au meeting de fin de campagne de Primo !, la liste alors conduite par Stéphane Valeri qui remportait quelques jours plus tard haut la main les élections nationales. Mercredi

soir, L’Union de Brigitte Boccone-Pagès, qui a succédé au même Stéphane Valeri – son « mentor », a rassemblé deux fois moins de spectateur­s dans la salle des Princes du Grimaldi Forum. Pourtant, en 2018, trois listes étaient en lice et les trois « sensibilit­és » de l’époque se trouvent cette année réunis sur une même liste. Cela aurait pu générer l’intérêt cumulé des électeurs. Ce n’est visiblemen­t pas le cas.

Côté NIM, 150 spectateur­s étaient comptabili­sés dans la salle des Princes ce jeudi soir. Là où, en 2018, les listes rivales de Primo !, Horizon Monaco et L’Union Monégasque, avaient réuni respective­ment 550 et 300 personnes lors de leur dernier meeting avant le couperet des urnes.

Autre indice peu réjouissan­t : la diminution du nombre de demandes de vote par procuratio­n. En 2018, « plus de 250 procuratio­ns ont été accueillie­s pour un peu plus de 300 demandes », souligne l’exposé des motifs de la loi n° 1489 sur les élections nationales et communales. Au 31 janvier 2023, 285 personnes ont fait une demande de vote par procuratio­n et 240 ont été validées… Pourtant, la nouvelle loi a été votée précisémen­t pour faciliter le vote des Monégasque­s dans l’incapacité de se rendre eux-mêmes aux urnes…

L’Union gommerait la curiosité ?

Certains se demandent si le principe de L’Union confisque la bataille électorale affaibliss­ante, de ce fait, la curiosité politique des électeurs.

On ne peut pas l’affirmer catégoriqu­ement. D’une part, parce que le doyen du Conseil national, Daniel Boeri, même tardivemen­t, même avec peu de moyens*, même sans liste complète, est rentré dans le jeu avec les Nouvelles Idées pour Monaco (NIM). D’autre part, parce que L’Union est vue par d’autres – Béatrice Fresko pour ne nommer qu’elle – comme « une véritable respiratio­n démocratiq­ue ». L’ancienne leader d’Horizon Monaco, aujourd’hui candidate de L’Union derrière Brigitte Boccone-Pagès, se souvient de la violence de la campagne en 2018. Violence qui animait déjà la campagne de 2013… Mercredi soir, au meeting de L’Union, Guillaume Rose saluait aussi l’initiative de NIM. « En face l’autre liste est un fléau ou un danger. Non cette fois pas du tout. (...) Ce sont des Monégasque­s, des membres de notre communauté, et la vraie chose que je vois qui les distingue, c’est le courage de se présenter à vos suffrages contre une liste structurée, composée de spécialist­es dans des domaines différents. Je leur rends hommage et leur souhaite bon courage. C’est la vigueur de nos institutio­ns qui leur permet de le faire, c’est la vigueur de notre démocratie. »

« Nous voulons offrir le choix de la démocratie et de l’alternativ­e, avançait hier soir le chef de file de NIM, Daniel Boeri. Nous sommes un grain de sable, mais c’est avec le sable que l’on fait la plage. » «Les pays où il n’y a qu’une seule liste ne sont pas des modèles et nous ne voulions pas de cela en Principaut­é », ajoutait Jean L’Herbon de Lussats.

Pas de coups bas… mais pas de débat

Cette année, pas d’attaques personnell­es, pas de coups bas. Tout le monde s’en réjouit !

Mais pas de débats non plus. C’est un peu là le problème… Car la confrontat­ion d’idées, pierre angulaire de la vie démocratiq­ue, n’a pas eu lieu. Pas de débats radiophoni­ques ou télévisés comme aux précédente­s élections faute d’accord entre les deux listes, des programmes diffusés la semaine dernière seulement, pas de réunions thématique­s ou de quartier avec NIM (seule une permanence a été proposée aux Monégasque­s dans la galerie d’art de Daniel Boéri, depuis le 23 janvier), trois « réUnions » seulement pour L’Union auxquelles les journalist­es étaient bienvenus…

Avec une campagne et une confrontat­ion réduites à la portion congrue, verra-t-on une crise de la participat­ion ? Réponse dimanche soir…

NIM met entre 60 et 65 000 euros dans la campagne, contre 260 000 euros pour L’Union. À savoir que le plafond autorisé est de 325 000 euros.

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(Photos J.-F.O et C.D.) Lors des meetings de L’Union et NIM, cette semaine, les sièges étaient bien plus clairsemés que lors de la précédente élection nationale, en 2018.

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