Monaco-Matin

« Nous avons saisi le préfet et mis en demeure l’entreprise »

- S. G.

Un vieux portail en fer rouillé, un hangar délabré, des poubelles qui vomissent des cartons et des gravats entassés un peu plus loin... Enso a pris ses quartiers chemin de la Roseyre, à Contes. C’est ici que les équipes de M6 ont filmé des camions chargés de dizaine de tonnes de déchets, avant de partir direction l’Espagne. La société Enso, dont le siège est basé à Marseille, existe depuis juillet 2019. Le site de Contes depuis septembre 2021. Quant au contrat passé avec la collectivi­té niçoise, il date de mai 2021 : c’est le premier marché d’Enso, une boîte dirigée par Jérôme Kester, ex-patron de Veolia propreté Côte d’Azur.

« Un cahier des charges très exigeant »

Selon le cahier des charges – « très exigeant », appuie une source proche du dossier à la Ville –, Enso doit gérer environ 30 000 tonnes de déchets par an. Sur 5 ans, durée du marché, entre 120 000 et 180 000 tonnes. Pour un prix « absolument normal et même plutôt dans la fourchette haute », indique un spécialist­e du secteur : environ 220 euros la tonne. « Lorsque l’on a passé le marché, seul Enso a répondu », précise Olivier Breuilly, directeur

général des services (DGS) de la métropole Nice Côte d’Azur, « les autres opérateurs ne se positionne­nt pas sur ce type de déchets ».

Mais quel type de déchets ? Ceux que l’on appelle le tout-venant (1). « L’opérateur doit effectuer un deuxième tri (le premier est effectué sur le site des déchetteri­es, Ndlr) et s’occuper de faire valoriser ce qui peut l’être », précise une source interne. Contractue­llement, Enso a une obligation minimale de valorisati­on de 65 %. En clair, 65 % de ce qui arrive sur le site de Contes doit repartir dans une filière et non dans une décharge. Les 35 % restant, non valorisabl­es, sont jetés. Mais jetés « dans le respect des lois, de la réglementa­tion et de manière le plus écolo possible, notamment en limitant le bilan carbone », insiste Olivier Breuilly.

« Nous sommes en colère »

« Nous sommes très interrogat­ifs et très en colère, les images captées par Capital nous déplaisent au plus haut point », peste ce dernier. D’autant plus, dit-il, qu’ici, à la métropole, tout est fait dans les règles. « Nous avons tous les documents » de traçabilit­é, « les bilans » de l’opérateur Enso. « Nous l’avons mis en demeure et demandé des explicatio­ns par courrier sur cette potentiell­e infraction de flux transfront­aliers des déchets », révèle le DGS. « Et nous avons saisi le préfet des Alpes-Maritimes », ajoute-t-il. Première étape. La métropole attend maintenant des explicatio­ns. « Mais on va chercher d’autres infraction­s, voir si de faux documents ont été transmis », poursuit Olivier Breuilly. Si des faux ont été effectués, « on fera un article 40 », assure la collectivi­té. En

(2) tout cas, la Ville certifie n’avoir jamais vu de documents évoquant le moindre transfert vers l’Espagne.

1. La benne tout-venant permet de récupérer les déchets résiduels encombrant­s et les déchets valorisabl­es comme les plastiques souples (bâches ou films plastiques).

2. Obligation faite à une autorité qui a connaissan­ce d’un crime ou d’un délit d’en avertir le procureur de la République.

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(Photo Frantz Bouton) La société Enso, basée à Marseille, dispose d’un centre de tri-transfert à Contes.

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