Mineurs migrants : l’appel de Ginésy à l’État
Le Département alerte : il « sature » dans la prise en charge des jeunes migrants. Son président regrette « le silence du gouvernement ». Pour l’opposition estrosiste, la collectivité faillit.
Amer. « J’ai fait part de ma désapprobation car de toute évidence, la frontière italienne est une passoire. »
Le constat du maire LR d’Antibes Jean Leonetti, qui accueille depuis mercredi 25 mineurs non accompagnés dans un hôtel réquisitionné par la préfecture, relance le débat de la prise en charge de ce public. Et ce, dans un contexte déjà tendu sur la question de l’immigration avec la présentation du projet de loi du gouvernement sur cette thématique brûlante. À ce titre, le député LR de la 7e circonscription, l’Antibois Eric Pauget, a saisi le ministre de l’Intérieur. Son ambition ? « Demander plus de concertation locale » mais également un renforcement de « la surveillance des MNA ».
700 mineurs dans les Alpes-Maritimes
En charge de la protection de l’enfance, le Département se trouve en première ligne. « On fait face à un chiffre record de plus de 5 000 mineurs non accompagnés pris en charge en un an », indique le président LR de la collectivité Charles Ange Ginésy, qui annonce une « saturation totale des dispositifs d’accueil ». Ce sont plus de 700 mineurs qui seraient actuellement hébergés dans les Alpes-Maritimes : «En8 ans, cette prise en charge a été multipliée par 28. »
Une problématique imputée à l’État selon le président du conseil départemental : « Je regrette le silence du gouvernement malgré l’urgence et mes appels répétés [...] J’attends une accélération des procédures judiciaires nécessaires pour répartir, sur tout le territoire national, ces migrants » et « une réquisition à grande échelle de sites d’hébergement pour permettre la protection immédiate de ces mineurs ».
« Hôtel plus coûteux que les structures dédiées »
Par ces mots, Ginésy dénonce « une politique d’aide sociale à l’enfance aujourd’hui complètement dévoyée de son objectif premier, qui est de protéger les mineurs sur le territoire national ».
Les difficultés que rencontre le Département tournent à la polémique politique avec la réaction du maire de Saint-Laurent-du-Var, Joseph Segura, qui préside, au sein de l’assemblée départementale, le groupe estrosiste “Notre Département d’abord” : « Le conseil départemental des Alpes-Maritimes abandonne ses compétences obligatoires ! ».
L’élu assure que le Département déroge à ses devoirs : « Au lieu d’accueillir les mineurs dans des structures dédiées, le conseil départemental préfère héberger plus de 200 d’entre eux dans des hôtels ! »
Des conditions qui, pour celui qui est également président délégué de la Métropole Nice Côte d’Azur, seraient plus coûteuses « pour le contribuable que les places en structures dédiées ».
Une situation qui serait due, selon l’intéressé, à un problème « d’anticipation et le refus d’investissements suffisants du président du conseil départemental et de son président de la commission des finances (Eric Ciotti, ndlr) ». Copie de ladite lettre à l’appui, l’élu poursuit : «Le Département en est réduit à demander au maire de Nice la mise à disposition des gymnases (1). Il serait temps que l’exécutif départemental retrouve le chemin de la raison et du bon sens ! »
Un appel lancé à Charles Ange Ginésy à qui Joseph Segura demande « de faire preuve d’empathie et d’humanisme sur la gestion de l’accueil des mineurs non accompagnés ».
MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr 1. Dans ledit courrier il est question des gymnases des collèges Nucéra et Jaubert.