Monaco-Matin

Borne ne dévie pas d’une réforme « indispensa­ble »

Interrogée hier sur France 2, la Première ministre est revenue sur les principaux points du projet de loi de réforme des retraites pour tenter de convaincre.

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Sous la pression de mobilisati­ons grandissan­tes contre sa réforme des retraites, Élisabeth Borne a défendu hier soir sur France 2 le projet de loi sans revenir sur le report très contesté de l’âge de départ. La cheffe du gouverneme­nt, très attendue, s’est livrée devant la journalist­e Caroline Roux à une nouvelle séance d’explicatio­ns et de « pédagogie ». « C’est indispensa­ble de mener une réforme pour préserver notre système de retraites par répartitio­n », même si « demander aux Français de travailler progressiv­ement plus longtemps ça n’est pas simple », a-t-elle affirmé.

Changement de discours

Invitée à dire si elle répéterait aujourd’hui que cette réforme est « juste », elle n’a pas réutilisé ce mot. Le gouverneme­nt a été critiqué pour avoir dit au moment de la présentati­on de sa réforme le 10 janvier que celleci était « juste » et porteuse de « progrès social » alors qu’il subsistera des disparités de durées de cotisation­s. Ceux qui ont commencé à travailler tôt devront contribuer plus longtemps au système, et la situation de certaines femmes a aussi été soulignée. L’exécutif a depuis recentré son message sur « l’effort » demandé aux Français et sur le caractère « indispensa­ble » de la réforme pour « sauver » le système.

Emploi des seniors : vers des sanctions possibles

Élisabeth Borne s’est dite cependant « ouverte » à des aménagemen­ts de certaines mesures d’accompagne­ment. Elle a ainsi fait savoir qu’elle était favorable à ce que le Parlement élargisse les possibilit­és de sanctions contre les entreprise­s sur la question cruciale de l’emploi des seniors.

Elle a aussi promis un « débat » à l’Assemblée sur les carrières longues, sur lesquelles le patron des députés LR, Olivier Marleix, reçu à Matignon mercredi, avait évoqué un terrain d’entente. Et sur les femmes, dont certaines sont pénalisées par la réforme, elle a admis que l’effort demandé les concerne aussi, mais « pas celles qui ont commencé à travailler tôt, qui ont des métiers pénibles », ou « qui ont eu des carrières hachées ».

Soutien « sans ambiguïté » d’Édouard Philippe

La cheffe du gouverneme­nt espérait convaincre les Français, alors que plus de 70 % soutiennen­t désormais le mouvement de contestati­on, selon les sondages réalisés après le deuxième jour de mobilisati­on… mais aussi sa majorité, au sein de laquelle des élus ont émis des doutes. Elle a reçu à cet égard, juste avant l’émission, le soutien d’Édouard Philippe, chef du parti allié « Horizons », qui a annoncé sur BFM TV son soutien « sans ambiguïté » au projet. Accusé de ne pas suffisamme­nt soutenir l’exécutif, ce partisan d’un report de l’âge de départ jusqu’à 65, 66 voire 67 ans, voit son groupe semer la confusion, certains députés menaçant de voter contre ou s’abstenir.

« Peu convaincan­te » pour Éric Ciotti

« On vient de revivre la conférence de presse [de présentati­on du projet, Ndlr] : la retraite pour les nuls. Comme s’il n’y avait pas eu deux journées de mobilisati­on. On aurait aimé un peu d’empathie », a réagi le patron de la CFDT Laurent Berger, qui a appelé à « amplifier le mouvement ». Le président des Républicai­ns, Éric Ciotti, sur qui le gouverneme­nt compte pour faire voter sa réforme, a de son côté trouvé la Première ministre « à la peine » et « peu convaincan­te dans ses explicatio­ns », estimant qu’il n’y a « rien de nouveau sur la table ».

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(Photo AFP) Il s’agit de « préserver notre système par répartitio­n », a insisté la Première ministre.

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