Monaco-Matin

Coeurs noirs AMAZON EN PREMIÈRE LIGNE

La création d’Amazon, qui raconte le quotidien des Forces spéciales à Mossoul en 2016, est une vraie réussite et confirme le virage pris par les séries françaises. Ça envoie !

- Coeurs noirs, MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr disponible sur Amazon Prime Video.

On avait l’habitude de citer en exemple, quand il s’agit d’aborder les séries consacrées aux conflits récents, les production­s américaine­s à gros budgets : Over There et Generation Kill en tête mais force est de constater que les production­s françaises sont en train de s’installer durablemen­t sur le secteur puisqu’après Loin de chez nous, No Man’s Land et Sentinelle, voici Coeurs Noirs, la dernière création française d’Amazon qui permet au réalisateu­r Ziad Doueiri, déjà connu pour Baron Noir, L’Attentat, West Beyrouth et L’insulte, de signer une fiction de six épisodes à la fois nerveuse, rythmée, léchée, prenante et dans laquelle on se retrouve embarquer au coeur des Forces Spéciales françaises en Irak, à la veille de la bataille de Mossoul, en octobre 2016.

Les membres de ce commando ont pour mission de retrouver et d’exfiltrer la fille et le petit-fils d’un important Emir français de Daech qu’ils ont capturé et qui ne coopérera avec eux qu’à cette condition. Pour narrer son aventure, Doueiri s’est entouré d’un casting homogène, complet et talentueux : Nicolas Duvauchell­e, Thierry Godard, Moussa Maaskri, Tewfik Jallab, Nina Meurisse, Victor Pontecorvo, Jérémy Nadeau ou encore Marie Dompnier.

« C’était avant tout un challenge physique à relever », rembobine

Nina Meurisse qui interprète une « tireur longue distance » au sein de l’unité d’élite. Victor Pontecorvo, dont le personnage est victime d’un syndrome post-traumatiqu­e, a aimé « l’humanité des personnage­s, qui représente­nt l’élite de l’armée française mais qui, au quotidien, ont tous des tirailleme­nts, des failles, une vie privée ».

Quatre mois de tournage au Maroc

« C’était avant tout un challenge physique à relever » Nina Meurisse

Pour préparer ce projet d’envergure, le casting a passé une semaine en immersion avec le 13e RDP (Régiment de Dragons Parachutis­tes). « On a dormi en chambrée, c’était nécessaire pour créer une cohésion entre nous, un esprit de corps », souligne Tewfik Jallab qui a perdu 20 kilos après le tournage d’Oussekine pour se glisser dans la peau d’un soldat d’élite. Jallab toujours : « La série ne se résume pas qu’à de l’action, on se questionne sur ce qu’est une guerre aujourd’hui, les enjeux, le sens, la défense d’une cause, les limites qu’un soldat doit avoir au front ». Pour Jérémy Nadeau, qui incarne un spécialist­e des drones dans l’unité d’élite, le tournage de quatre mois au Maroc a été une vraie aventure physique et mentale : « On a vécu ensemble, et audelà d’avoir mis en pause nos vies privées, on a surtout essayé de rendre hommage aux Forces Spéciales, de montrer ce qu’est leur quotidien sur le théâtre des opérations ». Véritable plongée en apnée de six épisodes, la série se permet, habilement, des petites respiratio­ns comme cette séquence autour d’un titre de Pierre Bachelet où toute l’escouade semble s’abandonner avant une opération d’envergure... « Ils oublient qui ils sont, ce qu’ils sont en train de vivre, étaye Nina Meurisse. Ils ont besoin de s’amuser, de faire un petit pas en arrière avant de sauter. » Chaque personnage est un marqueur fort et, comme dans une famille, tout est une question d’équilibre. « J’incarne la conscience du groupe, poursuit Tewfik Jallab. Je suis un peu le grand frère, j’essaie de poser des limites pour éviter que l’on devienne ceux que l’on chasse. Je rééquilibr­e la températur­e de cette petite unité d’élite très soudée. »

Durant quatre mois, le casting s’est entraîné quotidienn­ement, comme des sportifs de haut niveau, pour être le plus crédible possible sous le barda des militaires. La magie, le sens du détail de Ziad Doueiri à fait le reste, jusque dans la bandeson avec, pour certaines séquences de fusillade, pas moins de 25 bandes sonores différente­s pour ajouter une intensité hors normes. Le résultat final est bluffant. « C’est du jamais vu en France, on n’a pas les repères encore », conclut Jallab. Alors, vite, une saison 2 !

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