Monaco-Matin

Jabouille, le dernier départ

Premier vainqueur d’un Grand Prix avec une Renault et un moteur turbo, Jean-Pierre Jabouille s’est éteint hier à 80 ans. Bien qu’assez courte, sa trajectoir­e en Formule 1 a marqué les esprits.

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Il était avant tout un ingénieur qui, grâce à ses connaissan­ces techniques, a été le premier à faire gagner Renault en F1 en 1979 grâce au moteur turbocompr­essé. Jean-Pierre Jabouille, décédé hier à 80 ans, ne compte à son palmarès que deux victoires en une cinquantai­ne de courses en F1. Mais il avait été contraint plus souvent qu’à son tour à l’abandon en raison des difficulté­s rencontrée­s dans la mise au point du moteur turbo, une technologi­e révolution­naire en F1 à l’époque.

C’est son associatio­n avec Renault qui va permettre à celui que la presse surnomme « le grand blond » de s’imposer dans la discipline reine du sport automobile, non sans commencer par s’attirer surtout des... quolibets. Le constructe­ur français est alors le seul à parier sur le moteur turbocompr­essé à six cylindres de 1500 cc alors que les autres font courir des blocs « classiques », V8 ou V12 de 3000 cc.

Après avoir effectué ses débuts en course à la mi-1977, la Renault RS01 est vite surnommée « la théière jaune » en raison de sa couleur mais surtout de sa propension à faire exploser son moteur dans un nuage de fumée blanche.

Mais Jabouille n’en a cure. Il s’obstine, travaille avec les ingénieurs et croit au potentiel de la monoplace. Il connaîtra une série de 13 abandons avant de pouvoir enfin marquer ses premiers points au Grand Prix des États-Unis, en octobre 1978, avec une 4e place.

« Une grande fierté » à Dijon

René Arnoux le rejoint chez Renault en 1979 et en juillet, sur le circuit de Dijon-Prenois, il monte pour la première fois, tout comme Renault, sur la plus haute marche du podium.

« Je pensais uniquement à terminer la course, racontait-il en 2018. Je savais qu’on avait une chance si on arrivait au bout. C’était une grande fierté parce que c’est dur de gagner en F1. Un soulagemen­t aussi parce que

j’avais souvent été en tête et, à chaque fois, j’avais connu des problèmes de fiabilité. » Il faudra ensuite attendre le GP d’Autriche, plus d’un an plus tard, pour voir Jabouille gagner à nouveau, et pour la dernière fois, en F1, non sans avoir encore abandonné à... 14 reprises

entre ses deux triomphes. Si la technologi­e du turbo devient la norme en F1, Jabouille cède sa place chez Renault à Alain Prost après s’être cassé les deux jambes à la fin de la saison 1980. Il rejoint Ligier la saison suivante mais se rend rapidement compte que les séquelles de ses blessures l’empêchent de revenir au plus haut niveau et décide de quitter la F1.

Une fois le casque raccroché, il prendra la direction de Peugeot Sport jusqu’en 1995, avant de créer sa propre écurie d’endurance, Jabouille-Bouresche Racing.

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) (Photo Dominique Leriche) ?? Ci-dessus : En démonstrat­ion au volant de la Renault RS01 de 1977 sur la piste du Grand Prix de Monaco Historique.
Ci-contre : Dans le paddock du Grand Prix de France 2019, au circuit Paul-Ricard.
(Photo Jean-François Ottonello) (Photo Dominique Leriche) Ci-dessus : En démonstrat­ion au volant de la Renault RS01 de 1977 sur la piste du Grand Prix de Monaco Historique. Ci-contre : Dans le paddock du Grand Prix de France 2019, au circuit Paul-Ricard.
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