Monaco-Matin

Difficile d’accepter de ne pas remplir sa piscine...

Depuis l’entrée en vigueur, le 13 mars, de l’arrêté sécheresse du préfet des Alpes-Maritimes, les particulie­rs ont l’interdicti­on de remplir leur bassin sous peine d’une amende de 1 500 euros.

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Impacté par une sécheresse sans précédent, le départemen­t souffre du manque d’eau. Une situation qui a contraint le préfet des Alpes-Maritimes à placer le départemen­t en alerte sécheresse dès le 13 mars. En découlent plusieurs restrictio­ns qui visent notamment les particulie­rs. Ils ont l’interdicti­on de remplir leur piscine, sous peine d’une amende de 1 500 euros. Pour les piscines en constructi­on, le premier remplissag­e est autorisé, uniquement si le chantier a débuté avant la mi-mars. La mise à niveau reste, pour l’heure, autorisée, contrairem­ent à l’an dernier, pendant l’alerte sécheresse renforcée.

Pas question de s’en passer

Laetitia et Benoît sont propriétai­res d’une maison avec piscine sur les hauteurs de Nice, dont ils profitent «de Pâques à la Toussaint ». L’an dernier, ils ont continué à remplir leur bassin de 3 x 8 mètres, malgré l’interdicti­on du préfet. Car pour le couple, parents de trois enfants, pas question de s’en passer. Et ce n’est pas le risque d’être verbalisé qui aurait pu les en dissuader.

« Il y a peu de chance qu’on vienne faire un contrôle chez nous », estiment-ils. Pas de risque non plus d’être dénoncés par un voisin, car « nous

habitons un endroit isolé ». S’ils sont bien conscients que l’eau devient rare, et tentent de faire des efforts au quotidien, ils refusent d’être stigmatisé­s.

Martine n’est pas très à l’aise avec ces restrictio­ns. L’an dernier, cette propriétai­re d’une villa avec piscine à Nice nord a hésité à couper l’alimentati­on de son bassin avant de se résoudre à enfreindre l’arrêté, redoutant contrôles et amendes.

« Certains clients commencent à être inquiets, confirme le pisciniste Julien Reisdorf, gérant de Riviera Pool service, entreprise basée à Peillon. Pour le moment, cette situation n’impacte pas notre activité car beaucoup de contrats ont été signés avant l’arrêté ». « Mais malgré l’interdicti­on, beaucoup de propriétai­res veulent quand même remplir, constate-t-il. Si la piscine reste vide, en plein soleil, tout est à refaire. C’est dommage car ça engendre ensuite

des frais importants pour les propriétai­res ». Libérées de la pression de l’eau, les parois risquent en effet de se fissurer ou de se déformer.

« Les piscines ne doivent pas devenir le bouc émissaire »

« Il existe maintenant des solutions, poursuit-il. On peut stocker l’eau dans une citerne souple le temps des travaux de réfection du bassin et le remplir ensuite avec. Sinon,

on peut utiliser les piscines hors sol de supermarch­é, c’est facile à monter et à démonter. J’ai commencé à m’équiper, au cas où ».

« On stigmatise les propriétai­res de piscine mais une piscine consomme moins qu’une chasse d’eau qui fuit », assure encore le profession­nel, s’appuyant sur une étude de la fédération française des pisciniste­s (FFP). « Les 3 millions de bassins installés en France ne représente­nt que 0,15 % de l’utilisatio­n de l’eau au niveau national, soit environ 40 millions de m3 par an. À titre de comparaiso­n, les fuites des réseaux français d’eau potable gaspillent chaque année plus d’1 milliard de m3 d’eau », détaille la FFP dans cette étude. « Les piscines ne doivent en effet pas devenir le bouc émissaire d’une mauvaise gestion de l’eau en France ».

 ?? (Photo Frantz Bouton) ?? Selon la direction des finances publiques, les Alpes-Maritimes comptaient, en 2021 près de 54 000 piscines.
(Photo Frantz Bouton) Selon la direction des finances publiques, les Alpes-Maritimes comptaient, en 2021 près de 54 000 piscines.

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