Qui est Sophie Binet, élue secrétaire générale de la CGT ?
Contre toute attente, Sophie Binet est devenue la première femme de l’histoire de la CGT à occuper ce poste. Une cadre écolo et féministe dans un syndicat encore structuré autour de puissants bassins ouvriers.
Un congrès fratricide, et, au bout de la nuit, une élection surprise en forme de happy end : Sophie Binet a été élue hier secrétaire générale de la CGT, avec la lourde charge de rassembler une organisation en crise, en pleine bataille sur la réforme des retraites. À la tribune et dans les travées du 53e Congrès de la CGT, dans la banlieue de Clermont-Ferrand, les congressistes ne cachaient pas leur soulagement, après avoir vécu ce que certains décrivent comme «le congrès le plus difficile » de l’histoire de la CGT.
« Je suis ravie, parce que Sophie est une jeune femme brillante qui va porter nos valeurs jusqu’au bout et qui ne va rien lâcher, et c’est très bien », a témoigné Isabelle Morere, de la fédération de la Santé.
Nuit blanche
Sophie Binet a été élue par le comité confédéral national au petit matin, au terme d’une nuit blanche au cours de laquelle ni la candidate désignée par la direction sortante, Marie Buisson, ni celle qui depuis plusieurs semaines construisait à bas bruit sa candidature, Céline Verzeletti, n’ont réussi à obtenir la majorité des suffrages. « On a vécu un congrès difficile, compliqué, et on a su par notre sens des responsabilités collectives, surpasser les difficultés. Et je suis sûre qu’on réussira à sortir avec une CGT largement rassemblée pour répondre à tous les défis qui sont les nôtres », a lancé Sophie Binet à la tribune, chaleureusement applaudi, et émaillé de chants militants.
Féministe, écolo, et ancienne membre du PS
Secrétaire générale de la fédération des cadres (Ugict) depuis 2018, Sophie Binet, âgée de 41 ans, a été conseillère principale d’éducation (CPE) en lycée professionnel à Marseille, puis au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) de 2008 à 2010. Elle est une militante de longue date : engagée à la direction de l’Unef lors de la mobilisation contre le CPE en 2006, elle est entrée à la direction de l’Ugict-CGT en 2011. Issue de la commission exécutive confédérale, la direction élargie de la CGT, elle était référente du collectif femmes mixité. Féministe, elle a cosigné l’ouvrage Féministe, la CGT ? Les femmes, leur travail et l’action syndicale, publié en 2019. Ancienne membre du PS, elle est aussi engagée sur les questions environnementales.
« Porter au même niveau fin du monde et fins de mois »
Dans son premier discours comme secrétaire générale, Sophie Binet s’est félicitée des « orientations claires » adoptées par la CGT jeudi sur les « questions environnementales et sociales », soulignant qu’il fallait savoir « être capable de porter au même niveau fin du monde et fins de mois ». Elle a rappelé l’importance des luttes contre les violences sexistes et sexuelles, qui ne « peuvent pas être secondaires ».
Martinez remercié
Elle a aussi remercié son prédécesseur, Philippe Martinez : « Tu as réussi à amener pour la première fois une femme à la tête de la CGT, et je sais que ça te tenait particulièrement à coeur », lui a-t-elle dit. Signe de sa volonté de rassembler, son bureau exécutif compte des représentants de la direction sortante, tel Boris Plazzi, comme des opposants : Sébastien Menesplier (fédération Mines Energie) ou Laurent Brun (fédération des cheminots), élevé au rang d’administrateur, soit le numéro deux de l’organisation.