Macron veut dialoguer avec Pékin sur l’Ukraine
Le Président français va rechercher la semaine prochaine en Chine un « espace » de dialogue avec son homologue chinois Xi Jinping sur le conflit en Ukraine.
La France veut éviter tout éventuel soutien militaire de Pékin à Moscou. « Si la Chine prend cette décision funeste, il y a un effet stratégique majeur sur le conflit », a prévenu un conseiller du chef de l’État français. « Nous souhaitons éviter le pire et c’est la raison pour laquelle il faut les engager, pour leur présenter notre position », a-t-il ajouté devant quelques journalistes. La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna avait déjà fait savoir jeudi que le président préviendrait les dirigeants chinois « qu’il est essentiel de s’abstenir » de soutenir l’effort de guerre russe.
Dans l’immédiat, Emmanuel Macron veut tenter de « trouver un espace » avec Pékin pour des « initiatives » afin de « soutenir la population civile » ukrainienne, mais aussi « identifier un chemin à moyen terme pour une issue au conflit », a dit la présidence française en présentant les objectifs de cette visite d’État.
Selon Paris, ce dialogue est d’autant plus crucial que « la Chine est le seul pays au monde en mesure d’avoir un impact immédiat et radical sur le conflit, dans un sens ou dans l’autre ».
Ambitions revues à la baisse
La France espérait encore récemment convaincre le président chinois d’exercer son « influence » sur Vladimir Poutine pour le pousser vers une issue négociée au conflit. Voire qu’il joue « un rôle de médiation ». Mais la visite de Xi Jinping à Moscou il y a dix jours, au cours de laquelle les deux dirigeants ont loué leur relation « spéciale » et attaqué vivement l’Occident, semble avoir poussé les autorités françaises à revoir leurs ambitions à la baisse. Emmanuel Macron se rend de mercredi à vendredi en Chine pour mettre en musique cette « démarche de réengagement ». Il est attendu mercredi après-midi dans la capitale chinoise, où il rencontrera une communauté française éprouvée par de longues restrictions liées à la pandémie.
Jeudi, avant un dîner d’État, il rencontrera les dirigeants chinois, avec un tête-à-tête prévu avec le président Xi et une séquence en commun aussi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui sera auparavant lundi à l’Élysée pour préparer la visite commune avec Emmanuel Macron.
Enfin, le chef de l’État se rendra vendredi à Canton, où il échangera avec des étudiants chinois et terminera sa visite par un « moment privilégié » pour le dîner avec Xi Jinping, « dans un endroit choisi » par ce dernier, selon l’Élysée.
Une « autre voie »
Emmanuel Macron sera accompagné par une soixantaine de patrons d’entreprises françaises, dont ceux d’Airbus, EDF, Alstom ou Véolia, avec un accent mis sur la transition énergétique. Des signatures de contrats sont attendues, a dit l’exécutif français sans les détailler.
Alors que la compétition entre la Chine et les ÉtatsUnis, les deux premières puissances mondiales, risque de virer à la confrontation, la France assume de porter une « autre voie » dans la relation avec le géant asiatique. « Nous n’avons pas les mêmes alliances que les Américains dans le Pacifique », assure un conseiller du Président.