Le 2 avril 1874, naissait LE CLUB ALPIN FRANÇAIS
La création du Club alpin français (CAF) en avril 1874 a impulsé celle de la section des Alpes-Maritimes. À cause du relief et du manque de transports, celle-ci a connu des débuts difficiles.
Si, dès le début du XIXe siècle, les dilettantes cultivés fréquentent les sites des Hautes-Alpes, ceux des « Alpes de la mer » – baptisées les « Maritimes » – n’offrent encore que très peu d’intérêt. En effet, personne n’aurait l’idée d’aller voir ce qui se passe dans un milieu froid et hostile alors qu’il fait si beau au bord de la mer !
Ce n’est qu’après l’Annexion du comté de Nice à la France, en 1860, que des amateurs de montagne s’intéressent aux sommets des Alpes du Sud. D’abord du côté italien, où l’accès aux montagnes par les vallées est plus aisé.
Premier souffle transalpin
Plus tôt dans l’histoire, l’ascension de l’aiguille Rocciamelone effectuée par le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, le 5 août 1658 fait partie des actes fondateurs de l’alpinisme. Aussi, presque par devoir de mémoire, le baron Ferdinando Perrone di San Martino va fonder le « Club alpino italiano » en 1863 à Turin. Il sera suivi de près par la fondation du Club alpin suisse.
On est alors en droit de se demander, que fait la France ? Il faut attendre août 1873 pour que des alpinistes azuréens, le baron Eugène de Bellet, Joseph Durandy et Alexandre de Millo envisagent la création d’un Club alpin niçois, mais le projet sera hélas sans lendemain.
Ce n’est que le 2 avril 1874 qu’Édouard de Billy, Adolphe Joanne et Abel Lemercier fondent le Club alpin français (CAF) avec pour devise « Pour la patrie, par la montagne ».
Le rôle éducateur, moralisateur de la montagne, véritable « école de l’énergie civique » est alors mis en exergue. Lors de son discours d’inauguration, le vice-président du CAF Henry Cuënot annoncera que « la beauté de l’effort, la volonté de vaincre les merveilles de la nature, le sens du divin vont exalter la conquête des cimes ».
De 137 membres à sa création, le
CAF progresse et regroupe, dès l’année suivante, près de 1700 membres. Il sera reconnu d’utilité publique en 1882.
Une antenne locale
Alors que les sections locales françaises du CAF se multiplient, celle des Alpes-Maritimes tarde à voir le jour. Pourtant, plusieurs Niçois dont le plus actif Giuseppe André, natif de Falicon, sillonnent le massif des Alpes-Maritimes depuis les années 1860.
En 1879, sous l’égide du maire de Nice Alfred Borriglione, un collège de notables tels le futur maire Honoré Sauvan, le préfet André Laugier accompagnés de montagnards confirmés comme l’avocat Frédéric Faraut qui sera, plus tard, président de la section, Fernand Noetinger ou encore le botaniste Émile Burnat vont lancer des adhésions afin de monter une section locale uniquement constituée d’autochtones. Car, même si la Riviera abrite de nombreux ressortissants étrangers en villégiature, le très nationaliste CAF ne peut à ses débuts accepter que des membres français.
Le 17 novembre 1879 a lieu la séance inaugurale de la section des AlpesMaritimes. Les statuts sont adoptés, le bureau est constitué avec, comme premier président, le colonel Féraud.
Liaisons difficiles
Pourtant jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’isolement de la majorité des villages du haut pays en hiver reste une contrainte majeure au développement des sports de montagne. Malgré la route Menton-Sospel ouverte en 1872, la construction du tunnel du col de Tende en 1882 et les prouesses techniques des Ponts et Chaussées qui poursuivent les programmes de construction des routes, il faut encore près de dix heures pour relier Nice à Saint-Martin-Vésubie, et une bonne journée pour rejoindre Saint-Étienne-deTinée, comme le précise « L’indicateur des Services de Voitures Publiques » édité par le Club alpin français et préfacé par le chevalier de Cessole en 1897.
La longueur des liaisons, la fatigue occasionnée par de telles expéditions constituent longtemps un frein au développement général du haut pays. Quant au train, ce n’est guère mieux... Les rivalités entre Nice et Marseille et certaines exigences techniques retardent l’exploitation du futur « Train des pignes », ainsi que celle du parcours Nice - Puget-Théniers jusqu’en 1892 et Nice - Digne jusqu’en 1911. Quant à la ligne Nice Cuneo, elle ne sera achevée qu’en 1928. Si la plupart des routes des vallées ont été ouvertes entre 1870 et 1880, elles sont souvent coupées l’hiver et s’avèrent inadaptées au transport du matériel lourd.
Un tramway pour les stations de ski
Aussi vers 1900, le département décide de financer la liaison des vallées à l’axe littoral du chemin de fer, par la construction de cinq lignes de tramways électriques, soit deux cents kilomètres de voies. Les travaux sont longs, difficiles et onéreux. Mais le 19 septembre 1909, au milieu des édiles et des notables enthousiastes, Victor de Cessole, le président du CAF, est présent pour l’inauguration de la ligne de tramway de Nice à Saint-Martin-Vésubie. C’est ici un véritable progrès technique et un gain de temps considérable pour rejoindre les nouvelles stations de sports d’hiver ....
« La beauté de l’effort, la volonté de vaincre les merveilles de la nature, le sens du divin vont exalter la conquête des cimes »