Christophe Laporte a trouvé la clé du succès
Longtemps discret et nonchalant, Christophe Laporte s’affirme comme l’un des meilleurs coureurs de classiques du monde au sein de la surpuissante équipe néerlandaise Jumbo-Visma, où il a su se faire une place parmi les géants.
A 30 ans, le Varois constitue une publicité en chair et en os pour une expatriation réussie qui a bouleversé son rapport à son sport et, en fin de compte, son palmarès. Unique vainqueur français d’une étape sur le Tour de France 2022, il a réalisé un deuxième rêve en remportant deux grandes classiques en quatre jours, GandWevelgem et A travers la Flandre, à l’approche du Tour des Flandres demain. Lorsqu’il rejoint JumboVisma début 2022, après huit ans chez Cofidis, c’est un très bon coureur, capable de faire sixième de ParisRoubaix avec le frein arrière bousillé qui l’oblige à ralentir la roue avec la semelle de sa chaussure.
Mais c’est aussi un homme discret, décrit par ses proches comme nonchalant et trop gentil, qui s’efface devant les grands fauves comme Julian Alaphilippe aux Championnats du monde 2019, alors qu’il avait les jambes ce jour-là pour viser au moins un podium. « Christophe, c’est un bon mec, un peu tête en l’air, toujours à oublier un truc. Quand il était chez nous il ne voulait pas forcément gagner coûte que coûte. Avec sa classe, il s’en sortait toujours.
Mais il n’était pas assez tueur », raconte Vincent Villerius qui était son entraîneur chez Cofidis pendant huit ans.
Le « déclic » Covid
En termes d’investissement, Laporte ne se livre alors pas complètement. Dans son entourage, on se désole qu’il est « trop nonchalant pour soigner ses dents », laissant pourrir le mal au point de presque devoir déclarer forfait pour un Tour de France. La crise du Covid va tout changer. « Ça a été un déclic pour lui. Comme tout le monde, il a passé beaucoup de temps à la maison à réfléchir et il s’est rendu compte qu’il était en train de passer à côté de quelque chose, souligne Villerius. Dès le stage de janvier 2021, je le sentais vraiment déterminé. Aujourd’hui son état d’esprit a complètement changé. Il a décidé de tout faire à 100 %. »
Lorsqu’il débarque dans l’équipe de Jonas Vingegaard, le longiligne Varois découvre un univers ultra professionnel où tout est optimisé. Rapidement, il aligne les succès - lors de Paris-Nice et du Tour de France - ainsi que les places d’honneur, comme sa médaille argent aux Championnats du monde.
« J’ai fait un bon choix de carrière en changeant d’équipe », explique-t-il. «Je passe beaucoup de temps loin de ma famille. J’ai deux petits garçons et ce n’est pas toujours facile pour ma femme, et pour moi non plus. Mais les sacrifices payent. »