Trois ans de prison ferme pour « l’homme araignée »
Condamné en 2016 avec mandat d’arrêt, un Roumain de 32 ans vient d’être extradé depuis l’Autriche. Il cambriolait des appartements aux étages élevés.
Sept ans ! La justice monégasque, patiente, attendait d’incarcérer un acrobate de la fauche depuis le mardi 11 octobre 2016 ! Absent à l’audience à l’époque, le Roumain de 32 ans avait été condamné par défaut à une peine de trois ans ferme avec mandat d’arrêt pour huit vols « à la varappe » au cours de l’année 2015 à MonteCarlo. Plus une tentative de vol commise le 6 janvier 2016 également en Principauté. Extradé depuis l’Autriche le 14 mars dernier, celui que l’on avait surnommé « l’homme araignée » était « hébergé » sous bonne garde à la maison d’arrêt. Il contestait aussitôt la décision du tribunal correctionnel en faisant opposition au jugement afin d’avoir un nouveau procès où il pourrait s’expliquer.
100 000 euros de préjudice
Il niait la réception de la signification, parvenue par voie postale au domicile de sa belle-famille. Comme tout émargement de documents de sa main. À l’audience, arrivé menotté dans le box, le prévenu a conservé quelque espoir d’être rejugé. D’autant que Me Maeva Zampori a argumenté et défendu l’opposition réclamée par son client, dont le caractère de recevabilité ne semblait souffrir d’aucune contradiction. L’auteur de la signature serait un des deux beaux-parents. Mais le tribunal en a décidé autrement et le président Florestan Bellinzona a confirmé la peine à effectuer de trois ans ferme.
Il faut reconnaître que ce boulanger avait donné des sueurs froides aux services de sécurité. Au temps des faits reprochés, il s’intéressait en priorité aux étages élevés qu’il atteignait avec une incroyable dextérité. Entre février 2015 et janvier 2016, en effet, âgé de 25 ans, il avait pris de sacrés risques en escaladant à mains nues les façades de sept immeubles cossus du boulevard
des Moulins. D’après les doléances des nombreuses parties civiles, le préjudice global était estimé, huit ans auparavant, à quelque 100 000 euros. Mais sans factures, aucune demande financière n’était retenue par le tribunal. Seule une victime obtenait un versement de 2 000 euros. Car au cours de ses « visites » diurnes et nocturnes en Principauté, le cambrioleur
s’était constitué un juteux pactole avec des bijoux, tableaux, montres, téléphones, manteaux de fourrure… dérobés.
Pris la main dans le sac
Il lui suffisait de casser vitres et portes au cours de ses grimpettes pour emporter toutes les valeurs marchandes rassemblées dans les appartements. Jusqu’au jour où le « cascadeur » se faisait surprendre par l’occupant d’un appartement. Hauteur et décadence ! Il ne remettait plus un pied sur les façades des immeubles ancrés au territoire monégasque. C’était alors un long travail de bénédictin. Munis d’informations connues d’Interpol pour les déprédations du professionnel commises à travers l’Europe, des descriptions, profil ADN et empreintes de semelles, les enquêteurs parvenaient à dresser un portrait-robot du malfaiteur.
Quant aux victimes des cambriolages, marries de voir s’envoler leurs demandes de dédommagement, elles ne perdaient pas espoir de revoir rapidement le malandrin sanctionné par cette même juridiction. Mais huit ans plus tard, le châtiment n’avait plus d’intérêt pour les plaignants. Aucun ne s’était déplacé… En revanche, la psychose obsessionnelle créée par cette vague de cambriolages, avait traumatisé la majorité des résidents de ce quartier chic et huppé de Monaco. L’anxiété collective concernait également la crainte, au moment de pénétrer au domicile, de se retrouver nez à nez avec l’intrus. Ou bien, tout aussi fâcheux, de constater les affaires sens dessus dessous une fois la porte poussée. Certes, aujourd’hui cela peut paraître incompréhensible avec la surveillance accrue dont bénéficie le pays. À moins que l’on préfère se ranger aux déductions du philosophe irlandais’Edmund Burke : « Où commence le mystère finit la justice. »