Monaco-Matin

Catapultag­es sur le Charles-deGaulle : l’équipage au diapason

On a passé 24 heures à bord du porte-avions. L’occasion de rencontrer ceux qui mettent en oeuvre les Rafale Marine, éléments prépondéra­nts de la dissuasion nucléaire.

- NICOLAS CUOCO ncuoco@nicematin.fr

Sur le pont d’envol du porteavion­s Charles-de-Gaulle, au milieu de la Méditerran­ée et sous les bourrasque­s, c’est l’effervesce­nce. Des hommes et des femmes aux uniformes de différente­s couleurs, selon leurs postes et leurs spécialité­s, s’agitent comme dans un ballet finement orchestré. Si la chorégraph­ie est si huilée, c’est par souci d’efficacité. En pleine mer, on est très loin du Lac des cygnes et les missions peuvent être déclenchée­s en quelques instants. Mieux vaut donc être prêt, dans un contexte géopolitiq­ue extrêmemen­t tendu, alors que les Rafale Marine participen­t à la dissuasion française avec leurs missiles nucléaires.

En cette journée de fin mars, une vingtaine d’aéronefs vont être catapultés afin de réaliser un entraîneme­nt opérationn­el, passant ainsi de 0 à près de 300 km/h en moins de 3 secondes. Cette prouesse technique ne pourrait être possible sans les pilotes, capables de supporter 4 à 5G, mais aussi et surtout sans le travail de tout un équipage. Soit près de 1 300 marins.

« Quand un chasseur part en vol, forcément c’est très visible. Mais il y a aussi beaucoup de choses qui peuvent se voir dans les coursives comme le technicien qui assure le dépannage de l’avion, celui qui va faire le plein de kérosène, celui qui charge les munitions, etc... C’est un

travail collectif », explique, depuis la passerelle de navigation, le capitaine de vaisseau Sébastien Martinot, commandant du Charles-deGaulle.

Tout passe par les gestes

Retour sur la plateforme d’envol où la parole n’a plus d’utilité. Dans les bruits des réacteurs et du vent, auxquels s’ajoute la distance qui sépare les opérateurs des pilotes, tout passe par les gestes. Comme dans un opéra : « On guide le pilote

jusqu’au sabot de catapultag­e uniquement par la gestuelle. Cela va du démarrage en passant par le roulage », précise l’aspirant Christophe, officier de lancement, tout de jaune vêtu et maître de ballet d’une cinquantai­ne de technicien­s. Depuis la poupe, l’homme au contact facile et dont le rôle est primordial poursuit : « Entre les pilotes et mes équipes, on ne se connaît pas personnell­ement mais il y a une relation de confiance. C’est obligatoir­e car lors de la mise en

place des avions sur catapulte, ce sont mes gars qui positionne­nt les élingues de catapultag­e et de retenue (hold back). Nous sommes garants de leur mission et de leur sécurité ».

Offrir une disponibil­ité des aéronefs de 95 %

De ce point de vue là, quelques mètres plus loin à bâbord, trois autres acteurs, équipés d’épaisses combinaiso­ns aluminisée­s et de casques façon Daft Punk, observent : « On surveille la mise en route des aéronefs et les appontages de manière à faire de la prévention contre le risque incendie. Nous sommes prêts à intervenir ! » affirme l’un des jeunes pompiers lourds de la brigade sécurité du navire alors qu’un pont d’envol de porte-avions figure parmi les scènes les plus dangereuse­s au monde.

Pendant que la nuit vient noircir la plateforme, les lumières rouges éclairent les coursives. Direction le hangar et son odeur d’huile de garage où 600 m2 sont dédiés à la maintenanc­e des Rafale Marine. C’est ici, dans les coulisses, que 530 technicien­s et mécanicien­s veillent à rendre disponible chaque aéronef, 24 h/24. « On se relaie jour et nuit pour permettre à l’avion d’être catapulté et de revenir à bord en toute sécurité », détaille le capitaine de frégate Armand, chef du Groupement soutien technique aéronautiq­ue (GSTA).

« Notre grand défi c’est d’offrir, chaque matin, une disponibil­ité de l’ordre de 95 % sur la vingtaine de Rafale à bord », conclut le commandant du GSTA, alors que l’ascenseur aviation s’enclenche. En descente, il est équipé du dernier Rafale Marine que ses équipes devront réparer... Comme un ultime baisser de rideau.

 ?? Charles-de-Gaulle (Photos DR) ?? Roulage et démarrage en cours au coucher de soleil sur le porte-avions 2 mars dernier, dans le cadre de la mission Antarès. ,le
Charles-de-Gaulle (Photos DR) Roulage et démarrage en cours au coucher de soleil sur le porte-avions 2 mars dernier, dans le cadre de la mission Antarès. ,le

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