Plutôt pâle, ce FC Bâle
Accroché par Zurich samedi dernier (1-1) et ciblé par la colère de ses supporters, le 6e de Super League ne part pas favori face au Gym, selon la presse suisse. Mais gare à la menace Amdouni.
Objectivement, il n’y a pas photo entre les deux équipes. Nice devrait passer facilement. » Laurent Ducret, journaliste de Keystone ATS, la principale agence de presse de Suisse, résume la pensée médiatique helvète. Orphelin du traditionnel titre de champion national depuis 2017, le FC Bâle n’est plus le meilleur club du pays. L’actuel sixième de son championnat a encore mesuré l’écart qui le sépare désormais des Young Boys de Berne, leader en route vers le doublé depuis sa qualification pour la finale de Coupe de Suisse ramenée du Parc Saint-Jacques, le 4 avril dernier (2-4).
Le contexte : l’Europe pour calmer la colère des ultras
« Une élimination très mal vécue par les supporters du FC Bâle. Il y a eu des bagarres avec les services de sécurité à la fin de la demi-finale, le ton est monté entre les Ultras et les dirigeants, relate Ugo Curty, journaliste du quotidien Blick. C’est un club à fleur de peau. »
« Sans ce quart de finale européen à jouer, ce serait la crise totale au club, le désamour complet, surenchérit Laurent Ducret. Ils ont été encore surclassés par les Young Boys alors qu’ils sont largués en championnat. Le déficit structurel est très important aussi, ils gardent la plus grosse masse salariale du
pays mais n’ont plus de mécène pour équilibrer les comptes et remettre de l’argent dans les transferts. C’est un club qui fait peine à voir, si j’ose dire, au niveau domestique. »
Le plan de jeu : des failles à la perte de balle
Alexander Frei, ex-canonnier de Rennes reconverti coach, a fait les frais des premières désillusions dès février. Heiko Vogel, le directeur sportif, a enfilé la double casquette dans l’urgence et relancé « une approche assez flexible, avec
un 4-4-2 en phase défensive qui se transforme en 3-5-2 avec le ballon, décrypte Valentin Schnorhk, journaliste pour la Tribune de Genève et Le Matin. Le latéral droit referme la charnière pour laisser le couloir à Ndoye. Dans l’axe, l’animation repose sur des joueurs assez fins techniquement comme Andy Diouf, un jeune de 19 ans prêté par Rennes, très bon dans la verticalité. » Privé de Fabian Frei, capitaine et « milieu régulateur » (Ducret) d’une équipe qui ne refuse pas la possession, le FC Bâle sera d’autant plus
fragilisé à la perte de balle. « Son point faible, poursuit Shnorhk. Ils n’exercent pas un gros pressing et manquent de compacité, les adversaires se projettent assez aisément. »
Accompagnés d’un « maximum de réussite » lors des barrages contre Trabzonspor, les Suisses ont misé sur Marwin Hitz - « longtemps numéro 3 derrière Sommer et Burki en sélection, c’est un gardien de 35 ans très fort sur penalty » - pour éliminer le Slovan Bratislava aux tirs au but en 8e. « Encore un miracle, ajoute Laurent Ducret. Ils sont éliminés sans le but dans le temps additionnel de Zeki Amdouni, la menace principale pour Nice. »
Le joueur phare : Zeki Amdouni
Un nom qui n’est pas étranger aux décideurs Ineos. L’international suisse de 22 ans est prêté pour deux saisons au FC Bâle par Lausanne-Sport... le club partenaire du Gym. Capable d’évoluer à tous les postes offensifs, le coéquipier de Pelmard surfe sur une dynamique incroyable en 2023. « Il a marqué douze buts, dont dix pour Bâle depuis le début d’année, recense Ducret. Il est moins en verve ces dernières semaines, malgré ses deux premières réalisations inscrites avec la Suisse lors de la dernière trêve internationale. »
« A Genève, dans sa ville, il a marqué pour sa première titularisation, contre Israël, alors qu’il aurait pu jouer pour la Turquie ou la Tunisie. Son parcours est vraiment atypique, rembobine Ugo Courty. Viré du centre de formation du Servette à 13 ans, il n’a jamais abandonné. Il est passé par des clubs de la banlieue genevoise, en 3e division, par Stade Lausanne-Ouchy à l’étage supérieur, puis à Lausanne-Sport dans l’élite. Son côté footballeur de rue, pas formaté, a rayonné l’année où Lausanne-Sport est tombé en 2e division. »