Monaco-Matin

Comment en est-on arrivé là ?

-

En froid depuis le début de saison – 2021-2022 – avec son entraîneur, Julien Fournier est, comme beaucoup de salariés, très impacté par le fiasco de la finale de Coupe de France. Sa relation avec Christophe Galtier a déjà atteint le point de non-retour depuis plusieurs mois, mais le coach pousse le bouchon un peu plus loin. Le Marseillai­s sollicite plusieurs entretiens avec Dave Brailsford, nommé directeur du sport chez Ineos depuis décembre 2021, et réclame le licencieme­nt de Fournier pour des mercatos complèteme­nt ratés à son goût. Le Gallois n’est pas insensible au discours de l’entraîneur, d’autant plus qu’Ineos et Jim Ratcliffe ne sont pas pleinement satisfaits du travail du directeur du football depuis leur arrivée à Nice, à l’été 2019. Les 45 millions d’euros investis dès le premier mercato sur Dolberg (20M), Claude-Maurice (13M) et Nsoki (12M) ne plaident pas en faveur de Fournier au vu du faible retour sur investisse­ment. passe à l’acte avec un mail adressé à Dave Brailsford, et quelques documents supplément­aires qui font état de critiques de Galtier à l’égard d’Ineos. Dès lors, les dirigeants britanniqu­es scellent une nouvelle décision : le coach aussi doit quitter le club à la fin de la saison. L’enveloppe de 3 millions d’euros offerte par le Paris SaintGerma­in pour récupérer l’entraîneur de 56 ans est une aubaine économique mais aussi médiatique pour les dirigeants niçois, qui n’ont plus à devoir s’expliquer du licencieme­nt du coach champion de France en titre au bout de sa première saison sur la Côte.

Tombé d’accord avec l’OGC Nice en mars 2021, Galtier n’est plus le même quelques mois plus tard. Il vient d’être sacré champion de France avec le Losc, devant le PSG, et se permet d’aller rencontrer Jean-Michel Aulas, le président de Lyon, alors qu’il est toujours sous contrat avec Lille et également engagé avec le Gym, via un accord signé sous seing privé.

Ce qui ne l’est pas, ce sont la teneur des échanges et la façon dont Galtier s’agace quand il voit débarquer un joueur de confession musulmane de plus dans son effectif, en l’occurrence Pablo Rosario. Il ne veut surtout pas de « clans » au sein de ce groupe. Face à lui, Fournier tombe des nues et ne supporte pas que son entraîneur ose remettre en cause le recrutemen­t d’un joueur selon son appartenan­ce religieuse. Intime de Pape Diouf, qui apparaît sur la photo de son profil WhatsApp et avec qui il a partagé des heures et des heures de discussion­s sur le racisme, l’islam ou encore la cause noire, l’ancien directeur du football Ineos a rapidement compris qu’il s’était trompé d’entraîneur. Avant Galtier, son premier choix se nommait Erik Ten Hag, qu’il a rencontré à plusieurs reprises. « Si on est arrivé là, c’est de ma faute car c’est moi qui l’ai choisi », lâchera-t-il, quelques mois plus tard, à des proches. Le mercato hivernal sera tout aussi mal vécu que celui de l’été par Galtier, qui voit arriver Billal Brahimi, « un remplaçant d’Angers ». « Pour huit millions d’euros, il fallait y penser », ricane encore le clan Galtier, tout en pointant du doigt le montage financier de l’opération et accusant, indirectem­ent, Fournier. « Il y a une enquête autour de ce transfert n’est-ce pas ? » peut pas gagner des matchs dans ces conditions, cela a trop d’impact sur les performanc­es des joueurs », peste Galtier, qui a perdu l’adhésion de son groupe et la confiance d’un garçon comme Jean-Clair Todibo, qu’il n’a jamais voulu. Boudaoui, qui a manqué son réveil pour déjeuner avant le lever du soleil, est menacé par son entraîneur à quelques heures d’un match : « Si tu ne manges pas, tu ne joues pas. » L’Algérien refuse avec véhémence mais se voit tout de même titularisé. Désorienté­s par cette tension ambiante qui précède l’échéance importante du Stade de France, plusieurs membres du club sont tout autant interloqué­s par les mots chaleureux de Galtier pour le président Macron avant le coup d’envoi de la finale.

« Je suis votre premier supporter », confie le Marseillai­s. « Il semblait pourtant pencher d’un autre côté tout au long de la semaine du premier tour présidenti­el... », lâchent d’anciens collaborat­eurs. la vérité finit toujours par sortir… » En pleine préparatio­n de son quart de finale aller de Ligue Europa Conference, le club a forcément été impacté par cette affaire extrasport­ive. Il s’en est tenu à un communiqué laconique, ne dénonçant pas les faits reprochés à l’encontre de son ancien entraîneur. « Les faits relatés concernent deux personnes ne travaillan­t plus pour l’OGC Nice. Cette situation a été traitée avec le plus grand sérieux au moment des faits. Le club n’apportera pas plus de commentair­es. »

Hier, en fin de journée, Didier Digard a commencé sa conférence de presse par une déclaratio­n sur l’affaire. Comme avant Paris, le coach niçois en a dit le moins possible sur Galtier, qu’il ne porte pas dans son coeur, tout en lâchant que «la vérité arrivera » (voir ci-contre).

Newspapers in French

Newspapers from Monaco