Monaco-Matin

Retraite complément­aire : une Caisse créée à Monaco

Un projet de loi, adopté à l’unanimité par les élus du Conseil national, institue la création d’une Caisse monégasque de retraite complément­aire. Elle sera opérationn­elle au 1er janvier 2024.

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Créer un régime de retraite complément­aire spécifique­ment monégasque. Le dossier, initié par l’Union des syndicats de Monaco et la Fédération des entreprise­s monégasque­s, date d’une décennie. Ce jeudi soir, après de longues années de discussion­s entre ces partenaire­s sociaux, le gouverneme­nt princier et les Caisses sociales de Monaco, un projet de loi instituant une Caisse monégasque de retraite complément­aire (CMRC) a été adopté à l’unanimité des élus du Conseil national.

Si la date de sa création a été actée, reste désormais à l’exécutif de finaliser la délicate négociatio­n avec l’Agirc-Arrco pour le rapatrieme­nt du régime en Principaut­é.

Qui bénéficier­a de cette retraite complément­aire ? Qu’est-ce que cela impliquera pour les actuels retraités ? Le dispositif sera-t-il viable économique­ment ? On fait le point sur ce projet de loi n°1070.

Quand la CMRC serat-elle opérationn­elle ?

Intégrée aux Caisses Sociales de Monaco, au même titre que les deux régimes de maladie et de retraite principale des salariés (CCSS, CAR) et des travailleu­rs indépendan­ts (CAMTI, CARTI), la Caisse monégasque de retraite complément­aire sera opérationn­elle à partir du 1er janvier 2024.

Qui bénéficier­a de cette retraite ?

Seuls les salariés exerçant en Principaut­é, au moment de la création de ladite Caisse, bénéficier­ont d’un transfert d’adhésion vers celle-ci. Le droit à pension de retraite complément­aire s’ouvrira, comme pour la CAR, à l’âge de 65 ans, sauf pour

quelques cas d’ouverture anticipée prévus par la loi. « Cependant, à la différence de l’Agirc-Arcco qui ne prévoit pas de durée de cotisation­s minimale, il faudra désormais avoir exercé une activité salariée en Principaut­é pendant dix années pour ouvrir droit à pension de retraite complément­aire », a détaillé, dans son rapport, Franck Lobono, président de la Commission des intérêts sociaux et des affaires diverses. Une condition déjà prévue pour la retraite de base, auprès de la CAR.

« Afin de pallier toute difficulté, le projet prévoit deux mécanismes : celui du remboursem­ent des cotisation­s lorsque les conditions d’ouverture du droit à pension ne sont pas remplies, et celui de l’allocation compensato­ire pour les personnes dont

les droits ont été transférés de l’AgircArrco à la CMRC et qui ne rempliraie­nt pas la condition des dix années d’activité. »

Quel intérêt de créer une telle Caisse ?

De l’avis de toutes les parties prenantes du dossier, le régime sera plus favorable que celui, français, de l’Agirc-Arrco. « Cette Caisse poursuit un double objectif : faire bénéficier aux salariés d’une meilleure pension de retraite complément­aire tout en permettant, à terme, une baisse des cotisation­s versées par les employeurs et les salariés », résume Franck Lobono. La présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès, s’est également

réjouie de ce texte qu’elle juge « équilibré » et qui « renforce notre souveraine­té ». « Le rapatrieme­nt à Monaco du dispositif, qui était jusqu’alors géré par les organismes français, nous permettra de ne pas être tributaire­s des réformes du pays voisin », a-t-elle déclaré.

Quid des retraités…

« Les retraités ayant déjà liquidé leur retraite avant la création de la CMRC continuero­nt à percevoir leur pension de l’Agirc-Arrco, dans les mêmes conditions qu’actuelleme­nt », rapporte Franck Lobono.

Afin de ne pas être lésés, ils pourront bénéficier d’une prestation de bonificati­on, versée par la CMRC, compensant ainsi l’éventuel différenti­el de revalorisa­tion entre les points du régime français et ceux du régime monégasque.

... et de la Fonction publique ?

Au moment de l’étude du projet de loi, en commission, la question d’étendre le périmètre du futur régime monégasque aux agents de l’État s’est posée. Leur retraite complément­aire étant, à ce jour, versée par le budget de l’État. « Le gouverneme­nt a confirmé que cette piste de réflexion est en cours d’examen mais qu’elle méritait d’être encore approfondi­e pour mieux appréhende­r les conséquenc­es financière­s et pratiques d’une telle adhésion, compte tenu des spécificit­és du statut d’agent public, ce dont la Commission a convenu », a expliqué Franck Lobono.

Le gouverneme­nt négocie toujours avec l’Agirc-Arrco

L’exécutif monégasque négocie toujours avec les instances dirigeante­s de l’Agirc-Arrco pour convenir des modalités de sortie du régime français. « L’accord de sortie portera sur les modalités de remboursem­ent par la CMRC de la contributi­on de maintien des droits [une soulte de plusieurs milliards d’euros, N.D.L.R.] et sur la garantie financière accordée par l’État de Monaco à la Caisse en cas de défaillanc­e du régime, a réagi Christophe Robino, conseiller de gouverneme­nt-ministre des Affaires Sociales et de la Santé. Je peux vous assurer que je porte une attention toute particuliè­re à la viabilité financière de la nouvelle Caisse autonome de retraite complément­aire, a fortiori parce que celle-ci est exclusivem­ent financée par les cotisants. »

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(Photos Conseil national) Les 21 conseiller­s nationaux présents ont adopté le premier projet de loi de cette mandature. Il acte la création d’une Caisse monégasque de retraite complément­aire.

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