Les jeunes face au fléau
En plus de ses actions auprès des noctambules et des établissements de nuit, l’association Be Safe Monaco sensibilise des lycéens aux dangers de l’alcool au volant. Reportage.
Boire ou conduire, il faut choisir. » Rarement un slogan n’aura autant marqué les esprits, toutes générations confondues. Force est de constater, pourtant, que ce message de prévention routière, lancé en 1977, est loin d’être respecté à la lettre. En Principauté, du fait de son atmosphère festive et d’une Sûreté publique aux aguets, 109 jugements ont été rendus par le tribunal correctionnel concernant, notamment, des faits de conduite sous l’empire d’un état alcoolique. « Ces affaires représentent 33,2 % des affaires jugées par cette juridiction », fait savoir le parquet général de Monaco. Bien souvent, elles se limitent à des dégâts matériels ou à des blessures physiques plus ou moins graves.
« Responsabiliser les jeunes »
Plus rarement, les conséquences de l’alcool au volant s’avèrent funestes. Le 7 janvier dernier à la sortie du tunnel IM2S, un chauffard ivre fauchait mortellement Hervé Algarra, sur son scooter, voiturier-bagagiste au MonteCarlo Bay. Sur la même route en 2017, Alexis, la vingtaine, se tuait après une soirée au Méridien. C’est cette disparition précoce qui est à l’origine de l’association Be Safe, présidée par Camille Gottlieb, fille de la princesse Stéphanie. « Notre mission, depuis, est de responsabiliser les jeunes et leurs parents, de les sensibiliser aux dangers de l’alcool qui continuent de tuer, en France et à Monaco », explique-t-elle. Pour la première fois, en plus de la distribution d’éthylotests dans les établissements de nuit et d’une navette gratuite pour ramener les noctambules à leur domicile, l’été, les bénévoles sont allés à la rencontre des Premières du lycée technique et hôtelier de Monaco.
« L’éducation se fait à la maison »
Une discussion entre jeunes, sans tabou ni jugement, ponctuée par des ateliers et des témoignages marquants (lire page suivante). « De par notre langage et nos expériences, il y a une proximité qui se crée. Plus ils connaissent les conséquences jeunes, mieux ils pourront les appréhender. L’idée est qu’ils prennent conscience d’eux-mêmes confie Laura et Margaux, secrétaire générale et trésorière de Be Safe. L’an prochain, on espère pouvoir toucher d’autres classes comme les Terminales. Ils ont le permis et commencent à boire et tester leurs limites. Mais l’éducation et la prévention se font avant tout à la maison. »
« On peut tuer quelqu’un… »
Pour Euxane, 18 ans, la limite est claire. « Jamais de la vie je conduirai bourré, même seul. Car on peut tuer quelqu’un en face, confie celui qui a vécu un drame indirectement. Le meilleur ami de ma mère est parti à Paris avec sa femme et ses trois enfants. Une voiture est arrivée à 200 km/h à contresens sur l’autoroute. Le conducteur était alcoolisé et drogué. Il y a eu un choc frontal. Le papa et la petite fille de 4 ans sont morts. La maman ne tient que parce que ses jumeaux sont restés en vie… » Et Camille Gottlieb de concéder : « Notre association va durer dans le temps. Car malheureusement, les accidents ne s’arrêtent pas. »